Face à l'afflux massif de touristes, le Japon craint une pénurie de pilotes d'avion

Le Japon est clairement une des destinations phares de l'année 2024. Au premier semestre, le pays du Soleil levant a enregistré un nombre record de 17,78 millions de touristes étrangers, attirés par la faiblesse du yen qui rend les séjours plus bien plus abordables.
Pour autant, cette croissance risque de se heurter à une limite physique: celle du nombre de pilotes de ligne disponibles au sein des compagnies aériennes du pays comme All Nippon Airways (ANA) ou Japan Airways (JAL).
Selon Bloomberg, le Japon compte actuellement environ 7.100 pilotes et le gouvernement prévoit qu’il en faudra 1.000 supplémentaires d’ici 2030 pour atteindre son objectif d’attirer quelque 60 millions de touristes la même année. D'autant plus que de nombreux commandants de bord, actuellement âgés d’une cinquantaine d’années, devraient prendre leur retraite d’ici 2030.
Très peu de pilotes étrangers au Japon
Une des solutions mises en avant: recruter plus de pilotes étrangers, ce qui n'est pas dans les habitudes des opérateurs nationaux, rien que pour une question de langue. Il s'agirait par exemple de faciliter la conversion des licences de pilotes étrangers en licences japonaises à un rythme plus rapide et moins cher.
"Les grandes compagnies aériennes devront revoir leurs processus opérationnels internes pour accueillir les pilotes qui ne parlent pas japonais", a déclaré Nobuhito Abe, associé et responsable de l’aérospatiale et de l’industrie chez Kearney pour l’Asie-Pacifique. Les transporteurs japonais ont toujours "des processus internes très nationaux", dit-il à Bloomberg.
Il y a aussi la question des salaires, inférieurs au Japon. En moyenne, les commandants de bord de Japan Airlines et d’All Nippon Airways perçoivent 25 millions de yens par an (172.900 dollars) contre 453.000 dollars pour un pilote ayant 12 ans d’expérience de vol chez Delta Air Lines ou 480.000 dollars chez American Airlines.
Encourager les pilotes à travailler après 65 ans
Résultat, les pilotes étrangers au Japon sont peu nombreux. JAL compte environ 2.000 pilotes et "quelques" non-Japonais, selon un porte-parole. ANA, quant à elle, compte environ 2.400 pilotes et pratiquement aucun étranger.
Bloomberg rappelle qu'une compagnie comme Cathay Pacific Airways (Hong Kong) emploie des pilotes de 70 nationalités, tout comme Emirates qui est également connue pour sa large communauté de pilotes expatriés. Mais les choses bougent progressivement au Japon.
JAL a déclaré qu'elle "embauche actuellement des pilotes étrangers sous contrat pour faire face au problème de 2030 comme une solution temporaire et non comme une mesure permanente."
Autre solution envisagée pour éviter une vraie pénurie, trouver les moyens pour encourager les pilotes à travailler après 65 ans et également attirer davantage de femmes pilotes.
Si le pays ne garantit pas un flux régulier de pilotes, il sera "difficile d’atteindre l’objectif déjà difficile de 60 millions de touristes", commente Kotaro Toriumi, un analyste indépendant des compagnies aériennes et des voyages.