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Europe des trains: les réseaux ont rétréci en 10 ans, notamment en France, mais la grande vitesse progresse

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Selon les derniers chiffres d'Eurostat, le réseau ferroviaire français a rétréci de 9,6% en dix ans, soit près de 3.000 kilomètres de rail en moins mais les kilomètres de lignes à grande vitesse ont bondi de 35%.

L'Europe du rail est un peu le reflet des choix qui ont été fait en France depuis des années: privilégier la grande vitesse par rapport aux lignes classiques et/ou à la desserte plus fine du territoire (petites lignes).

Conséquence, au global, le réseau ferroviaire de l’Union européenne s’est contracté de 1,3 % entre 2013 et 2023 à 200.947 kilomètres, selon les derniers chiffres d'Eurostat.

"Toutefois, l'évolution de la longueur des réseaux nationaux diffère considérablement d'un pays de l'UE à l'autre", souligne le rapport.

Ainsi, certains pays de l'Est ont considérablement accéléré leurs déploiements sur la décennie, comme la Lituanie dont le réseau a grandi de 9%. Dans le même temps, un pays comme l'Espagne a complété rapidement son réseau à grande vitesse en créant 802 kilomètres de rail en 10 ans.

La République tchèque, championne de la densité ferroviaire

C'est la République tchèque qui possède le réseau ferroviaire le plus dense d'Europe, avec 123,2 mètres de voies ferrées par kilomètre carré, devant la Belgique (119,2 m/km²), l'Allemagne (109,5 m/km²) et le Luxembourg.

A contrario, les réseaux nationaux ont été considérablement réduits en Grèce (-29,5%, soit 764 kilomètres de moins) mais aussi en France (-9,6%, -2.934 kilomètres).

La SNCF a en effet fermé nombre de petites lignes par manque de fréquentation ou parce que les voies étaient trop dégradées, suscitant souvent la colère des habitants concernés.

Depuis quelques années, à travers les bénéfices de SNCF Voyageurs et les investissements de l'État, l'objectif est de régénérer le réseau ferroviaire secondaire. Pour autant, des petites lignes ferment encore aujourd'hui ou sont en passe d'être fermées, comme dans le Morvan.

"L'Europe ne modernise pas ses chemins de fer assez rapidement", avertit Carlos Rico, responsable de la politique ferroviaire au sein du groupe de campagne Transport & Environment (T&E).
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L'Espagne et la France représentent les trois quarts des lignes à grande vitesse

Les lignes à grande vitesse ont au contraire poursuivi leur expansion, et ce justement en France notamment. En 2023, l’Union européenne comptait 8.556 kilomètres de lignes ferroviaires de ce type (plus de 250 km/h) contre 5.812 en 2013, soit une progression assez impressionnante de 47,2%.

"De 2013 à 2023, le réseau à grande vitesse en Espagne est passé de 1.919 km à 3.190 km (+1.271 kilomètres, +66,2%), devenant ainsi le réseau le plus important d'Europe, alors qu'en France celui-ci est passé de 2.036 km à 2.748 km (+712 kilomètres, +35%)", peut-on lire. Les deux pays représentent ensemble près des trois quarts du réseau à grande vitesse dans l’UE.

Cette croissance à deux chiffres s'observe dans la plupart des pays d'Europe de l'Ouest: +32% en Allemagne, +15% en Italie et même +122% en Turquie, candidate à l'Union européenne.

Surtout, contrairement aux lignes classiques, "ce réseau à haut débit est interopérable dans toute l'UE, avec des connexions opérant au-delà des frontières nationales", de quoi créer véritablement une Europe des TGV.

Une Europe du rail qui ne représente que 0,4% des émissions de CO2 liées au transport dans l'Union alors qu'elle concentre 7% des déplacements des européens.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business