Collision à Nice: pourquoi les oiseaux sont une menace pour les avions

Le métier d'effaroucheur d'oiseaux, peu connu, est indispensable dans les aéroports pour la sécurité des avions - Joël SAGET © 2019 AFP
A l'aéroport de Nice ce dimanche, un avion de la compagnie Air Baltic à destination de Riga a percuté des oiseaux au moment du décollage. Si le vol a pu se poursuivre sans problèmes, la piste a subi des dégâts qu'il a fallu nettoyer. La piste a été fermée 30 minutes et deux appareils qui devaient atterrir à ce moment là ont été déroutés. D'autres ont subi des retards.
Ces incidents sont loin d'être rares. Le "risque aviaire" et le "bird strike" (ou collision avec des oiseaux) sont des épisodes fréquents et connus des services aéroportuaires, des compagnies aériennes et des fabricants d'avions.
Les premiers ont l'obligation réglementaire "d’évaluer le risque animalier sur et aux abords de l’aérodrome, de mettre en place des moyens et d’élaborer des procédures pour maitriser et réduire le risque et de notifier à l’autorité compétente tout impact animalier", souligne la Direction générale de l'aviation civile.
Effarouchement des oiseaux
C'est au moment du décollage que le risque est le plus important. Il faut savoir que des oiseaux posés sur une piste sont face au vent et ne voient donc pas un avion en phase de décollage. L'avion peut donc les percuter, les volatiles peuvent être également aspirés par les moteurs.
Outre des actions préventives -gérer, modifier ou réduire les habitats présents pour qu’ils ne soient plus attractifs pour les espèces animales jugées dangereuses pour la sécurité aérienne- les gestionnaires d'aéroports utilisent des techniques d'effarouchement acoustique.
Elles sont de plusieurs ordres: émission de cris de détresse ou de signaux acoustiques depuis des véhicules des services de gestion du risque animalier, ou de points fixes choisis de manière stratégiques aux abords de la piste. Cela peut être aussi des tirs de fusées à courte portée (fusées détonantes, crépitantes) et à longue portée destinées à effrayer des oiseaux posés et en vol. Ou encore des équipements optiques avec un laser fixe ou mobile balayant une zone plus ou moins vaste fréquentée par des oiseaux au sol.
L'aéroport peut également être autorisé à effectuer des prélèvements ponctuels d’animaux ou avoir recours à un oiseau de proie dressé (un rapace type buse ou faucon) dont la présence en vol va effaroucher les oiseaux présents.
Canons à poulets
Mais comme à Nice, ces techniques peuvent s'avérer insuffisantes, surtout à certaines périodes de migration comme en ce moment avec les vols impressionnants d'étourneaux.
Le point d'impact sur les avions est généralement situé sur le nez de l'appareil, les bords d'attaque des ailes, et les réacteurs. Les cas d'ingestion d'un ou plusieurs volatiles par un réacteur sont facilités par l'effet d'aspiration présent à l'avant du réacteur, et peuvent présenter des conséquences graves pour le moteur.
Les conséquences peuvent être une perte partielle ou totale de la propulsion du réacteur, et un début d'incendie. La projection d'éclats de pièces du moteur peut provoquer des dommages importants sur l'aile ou la structure d'attache du réacteur. Ces éclats peuvent également percer les réservoirs situés dans les ailes, entraînant une fuite de carburant qui peut s'enflammer.
Néanmoins, 65% des collisions avec un oiseau causent peu ou pas de dégâts aux appareils. D'abord parce que les avions sont conçus pour limiter les dégâts. La plupart des carlingues d'aéronefs à usage commercial ou militaire sont réalisées afin d'être suffisamment résistantes au choc consécutif à l'impact d'un oiseau. Les moteurs sont également conçus pour s'éteindre rapidement après l'ingestion d'un oiseau.
Mais surtout, lors de la fabrication des appareils, des tests de collision sont effectués dans des simulateurs spécialement conçus. Concrètement, un canon pneumatique projette des carcasses d'oiseau sur la partie à tester (carlingue, moteurs...).
Appelé "canon à poulets", ce dispositif est capable de propulser des projectiles à une vitesse approximative de 700 km/h. Depuis quelques années, les fabricants utilisent des blocs de gélatine à densité équivalente à celles des oiseaux et s'appuient également sur des simulations informatiques qui complètent le test physique.