Bannie depuis 4 ans du ciel européen, la compagnie Pakistan International Airlines fait un retour remarqué à Paris

La compagnie aérienne pakistanaise PIA a repris ses vols vers l'Europe, avec un premier voyage à destination de Paris, 4 ans après son interdiction.

Jusqu'à récemment interdite en Europe, Pakistan International Airlines (PIA) amorce son retour sur le Vieux continent. Un avion de la compagnie aérienne pakistanaise s'est envolé ce vendredi à 12h40 heure locale (8h40 heure de France métropolitaine) de l'aéroport d'Islamabad, pour un vol en direction de l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Avec ce vol Islamabad-Paris, PIA inaugure ainsi la reprise de ses vols vers l'Europe, dont elle était bannie depuis quatre ans.

Espérant tourner la page des précédentes années, PIA mise beaucoup sur la reprise des vols vers le Vieux continent, incarnée par ce premier voyage entre le Pakistan et la France.

Les passagers ont été accueillis à l'aéroport d'Islamabad par une réplique de l'Arc de triomphe, tandis qu'un dessin "I love Paris" a été apposé à l'avant de l'appareil. Un partenariat avec Air France permet à PIA de desservir, via Paris, une vingtaine d'autres destinations en Europe, comme Amsterdam, Berlin ou Londres.

Pour faire la publicité de ce vol inaugural, la compagnie aérienne a publié un visuel sur les réseaux sociaux, mettant en scène l'un de ses avions à côté de la Tour Eiffel, sur un ciel aux couleurs du drapeau français, à quoi s'ajoute le texte "Paris, nous arrivons aujourd'hui". Ce visuel a toutefois suscité beaucoup de commentaires sur les réseaux, certains ayant estimé que l'avion semblait foncer dans le monument parisien, évoquant un montage involontairement maladroit.

Sur X (ex-Twitter), le post a rapidement dépassé 2 millions de vues. "Vous n'êtes pas sérieux!", a déploré un internaute pakistanais sous la publication, appelant à "renvoyer le designer". Sur Facebook, la publication regroupe plus de 17.000 commentaires, où beaucoup ironisent sur le visuel promotionnel qu'ils jugent raté, moquant le service marketing de la compagnie aérienne.

Privatisation ratée

Compagnie publique, PIA avait perdu au mois de mai 2020 son autorisation d'accès à l'espace aérien européen, ainsi que britannique, après le crash d'un avion à Karachi, grande métropole du sud du Pakistan, qui avait fait 97 morts. Des erreurs humaines provenant des pilotes et du contrôle aérien étaient à l'origine de l'accident, qui avait poussé le Pakistan à admettre qu'environ 150 pilotes possédaient une fausse licence ou l'avaient obtenue en trichant aux examens.

L'agence de l'Union européenne pour la sécurité aérienne (AESA) avait annoncé en novembre dernier avoir levé l'interdiction, indiquant avoir "rétablit une confiance suffisante" dans les capacités des autorités pakistanaises de l'aviation civile. Pour l'heure, la France est la seule destination de l'Union européenne annoncée par la compagnie, toujours interdite de vol au Royaume-Uni et aux États-Unis.

Jugée surdimensionnée et mal gérée, criblée de dettes, PIA était dans la tourmente depuis des années car ses fonds étatiques se sont taris à mesure que le budget du Pakistan sombrait. Depuis des mois, les autorités pakistanaises annonçaient une privatisation imminente, qui a toutefois échoué en novembre, lorsqu'un acheteur n'a proposé qu'une fraction du prix d'origine. Le gouvernement espère que la réouverture des destinations européennes améliorera son potentiel d'achat.

Criblée de dettes

PIA a enregistré des pertes de 270 millions de dollars en 2023 selon les médias locaux, et ses dettes atteignent presque les 3 milliards de dollars, soit presque cinq fois la valeur de ses actifs. La même année, elle avait annulé des dizaines de vols, faute de moyens pour payer ses factures de kérosène. Créé en 1955 lorsque le gouvernement pakistanais a nationalisé une compagnie aérienne commerciale déficitaire, PIA a connu une croissance rapide jusque dans les années 1990.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV