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Allemagne: le prix du Pass Rail augmente de près de 20% sous la pression des compagnies ferroviaires

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Les compensations versées par les régions n'ont pas suffi à couvrir les coûts des opérateurs qui exigeaient une augmentation sensible du sésame pour le péréniser. Son prix passe de 49 à 58 euros par mois.

Ce n'est pas vraiment une surprise. Face à son succès mitigé et aux coûts engendrés pour les compagnies ferroviaires allemandes, l'État et les les régions (landers) ont décidé d'augmenter sensiblement le prix mensuel du "Deutschlandticket", le Pass Rail allemand.

Il passe donc à 58 euros par mois au lieu de 49, soit une augmentation de 18,37%. Cette augmentation sera effective le 1er janvier prochain.

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Lechypre d’affaires : Pass rail, un bilan mitigé - 03/09
2:29

Lancé en mai 2023, ce forfait permet à tous d'emprunter de manière illimitée les trains locaux et régionaux mais aussi les bus, les métros et les tramways. Avec un objectif clair: inciter la population à abandonner leur voiture pour les trajets du quotidien.

Des coûts qui n'ont pas été couverts

Un an après son lancement, l'inquiétude était de mise. La principale déception concerne le nombre de titulaires: 13 millions alors que le gouvernement tablait sur 16 pour atteindre l'équilibre financier.

Cette différence n'est pas anodine compte tenu du coût de ce forfait: pour compenser les pertes des différents opérateurs, l'État et les landers leur ont versé pas moins de 3 milliards d'euros (pour la première année).

Mais cette somme est très vite apparue comme insuffisante. A cause d'un nombre d'abonnés insuffisant mais aussi parce que les coûts des régies de transports ont augmenté en parallèle: électricité, diesel, salaires... Le manque à gagner n'a tout simplement pas été couvert.

Ces entreprises voient donc leurs finances se dégrader rapidement, comme pour les transports de Munich avec un trou de 300 millions d'euros en 2024, et ont tiré le signal d'alarme.

Après d'âpres négociations, l'augmentation du tarif a donc été actée même si certains acteurs du rail réclamaient plus (69 euros par mois). Des associations poussaient au contraire pour le maintien du prix afin de préserver l'attractivité du pass. Mais l'État aurait dû alors mettre plus d'argent au pot, un scénario qui a très vite été écarté par Berlin.

Une augmentation qui pourrait générer des résiliations

Pourtant, selon un sondage, environ un tiers des détenteurs se disaient prêts à résilier leur abonnement en cas d’augmentation de son prix.

Autre sujet de déception: le report modal. Selon des chiffres avancés en mai dernier, seulement 8% des titulaires n’utilisaient auparavant jamais les transports publics. Le report modal n'est donc pas vraiment au rendez-vous et n'a donc pas d'impact significatif sur les émissions de CO2 dans le secteur du transport, premier émetteur de gaz à effets de serre.

"Ce qu'il n'a pas encore réussi à réaliser, c'est de contribuer réellement à ce que davantage de personnes abandonnent la voiture et utilisent les transports publics", confirme le président de l'Association des entreprises de transport allemandes (VDV), Ingo Wortmann.

Rappelons qu'initialement, l'objectif du gouvernement fédéral est de doubler le nombre de passagers des transports publics d'ici 2030.

Pour autant, et c'est une bonne nouvelle, au global, les trains régionaux de la Deutsche Bahn ont enregistré une hausse de la fréquentation de 28%, deux-tiers des passagers sont titulaires du sésame. Reste que cette augmentation pèse encore plus sur un réseau vieillissant qui connaît d'importants dysfonctionnements.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business