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"100% des engagements ont été tenus": face à la menace de grève en mai, la direction de la SNCF droite dans ses bottes

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L'opérateur assure que le dialogue social est en cours avec les organisations syndicales. Mais n'ouvrira pas le carnet de chèques.

De l'écoute, des pistes d'amélioration mais pas d'annonces majeures: la direction de la SNCF tente de déminer un risque de grève dure des conducteurs et des contrôleurs de TGV en mai sans lâcher trop de lest.

La CGT et Sud Rail ont déposé plusieurs préavis de grève du 6 au 10 mai, menaçant les départs pendant le pont du 8-Mai. Les revendications sont multiples, catégorielles et couvrent à la fois des questions de conditions de travail, notamment les conséquences d'un nouveau logiciel de planning, et de rémunération.

La direction de la compagnie assure mener un dialogue social étroit avec les organisations syndicales à travers "des dizaines de réunion". Mais pour la DRH, l'essentiel a déjà été fait.

De nombreux engagements depuis les premières mobilisations écloses sur Facebook fin 2022 ont été pris et "100% de ces engagements ont été tenus, on a fait le job", assure-t-on, comme le fait d'avoir deux contrôleurs systématiquement à bord des TGV et "les organisations syndicales ne le contestent pas".

Pas de carnet de chèque pour les rémunérations

Sur la question des conditions de travail et les conséquences du nouveau logiciel de planning, la direction admet qu'il y a des améliorations à apporter sur la visibilité pour les cheminots. Et d'annoncer un audit externe, une meilleure visibilité de six mois sur les périodes de repos et une meilleure réactivité suite aux demandes de congés.

Sur la question des rémunérations par contre, la direction n'entend pas sortir le carnet de chèques. Elle met en avant les +2,2% d'augmentation pour 2025 mises en oeuvre lors des dernières NAO et répète que les cheminots ont bénéficié de 17% d'augmentation en trois ans, un chiffre contesté par certains syndicats et les cheminots.

"Tout le monde en bénéficie, un effort important a été fait", souligne la direction qui met également en avant une prime d'intéressement de 1.300 euros pour tous cette année.

"Cela fait 100 euros de plus par mois, soit les 100 euros de plus mensuels demandés par Sud", glisse la direction qui rappelle que Sud Rail n'a pas signé cet accord.

"La SNCF fait d'importants bénéfices, les cheminots sont productifs, on est les plus profitables en Europe: en quoi est-il anormal de poser la question de la répartition des richesses, on réclame une part, c'est normal", assène de son côté Fabien Villedieu, délégué chez Sud Rail.

La direction rappelle de son côté que l'intégralité des bénéfices du groupe est réinjectée dans les investissements dans le ferroviaire mais assure "que tout est fait pour protéger le pouvoir d'achat des cheminots avec une augmentation supérieure à l'inflation. Rien ne justifie qu'on réouvre le dossier".

Le groupe insiste néanmoins sur sa volonté de travailler sur des réformes en profondeur du cadre très complexe de la rémunération à la SNCF. Car si l'opérateur assure que tous les cheminots perçoivent au minimum le Smic plus 10%, cette rémunération englobe tout un millefeuille de primes variables qui peuvent disparaître si par exemple le cheminot est en arrêt maladie, le traitement de base étant lui assez bas.

Suite à ces annonces, la CGT Cheminots indique dans un tract que le compte n'y est pas et appelle à "élever le rapport de force". Pas de quoi être très optimiste.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business