"Tout est possible, mais tout se paye": le patron du Medef met en garde contre les mesures risquées du prochain budget

Il se dit "rationnel mais pas défaitiste". Interrogé ce mercredi sur Franceinfo, le patron du Medef Patrick Martin alerte sur les dangers qui pèsent sur les entreprises françaises dans un contexte d'instabilité politique et de durcissement de la concurrence internationale. Face à la surtaxe exceptionnelle demandée aux grandes et moyennes entreprises, si elle devait être pérennisée, Patrick Martin prévient : "tout est possible, mais tout se paye, car elle est déjà très lourde et très dissuasive".
Près de la moitié des capitaux des entreprises concernées étant détenue par des non-résidents, il craint un désintérêt des investisseurs et une baisse des investissements, "si les entreprises françaises sont moins performantes parce que surtaxées".
Il ajoute que "le pire dans tout ça, c'est l'investissement, qui baisse en France depuis trois ans, on est en train de décrocher" et la situation pourrait encore s'aggraver si cette surtaxe était reconduite.
Pas de parenthèse possible
Le président du Medef s'est également inquiété d'un risque accru d'instabilité engendré par la décision de François Bayrou de demander un vote de confiance le 8 septembre et d'une situation politique "désolante" en France qui s'inscrit dans un panorama général déjà "assez préoccupant" pour les entreprises. Le pari du Premier ministre, même s'il a le mérite "d'appeler un chat un chat" aux yeux du patron des patrons, "surajoute dans l'esprit des entrepreneurs à ce climat d'incertitude qui n'est pas bon pour l'économie", a dit Patrick Martin.
"Ça suffit, on ne joue pas avec l'économie", a-t-il ajouté en estimant que "la tonalité" n'était déjà pas "très joyeuse", avec une "croissance atone" et un marché de l'emploi "en train de se retourner".
"Je lance un appel à la responsabilité. Bien sûr, il y a des échéances électorales (...), mais la situation est assez critique", a déclaré le président du Medef, dont l'Université d'été s'ouvre ce mercredi. Interrogé sur la perspective de miser sur une "pause" en 2026, en attendant l'élection présidentielle de 2027, Patrick Martin réfute d'emblée cette possibilité : "on ne peut pas faire une croix jusqu'en 2027, personne ne peut garantir que nous aurons une solution politique".
"Si on reste inerte, au moins relativement, on régressera", prévient-il, ajoutant que "la compétition économique internationale est à peu près aussi rude que la compétition géopolitique".