Tesla déplace son siège et met le cap sur le Texas

"On ne peut pas s'agrandir à l'infini dans la baie de San Francisco" constate laconiquement Elon Musk. La densité de population y est grande, la circulation difficile et la vie chère. Alors, lors de l’assemblée générale annuelle des actionnaires, le choix a été fait: "Je suis heureux de vous annoncer que nous allons bouger notre siège à Austin", a déclaré le directeur général.
Dans la capitale administrative du Texas, l'usine Tesla est installée "à cinq minutes de l'aéroport et à quinze minutes du centre-ville".
Cela ne veut pas dire que Tesla quitte complètement la côte ouest et sa Silicon Valey, a tout de suite précisé le patron, qui compte notamment augmenter la production à l'usine de Fremont. Mais au Texas, Tesla prévoit de faire construire les berlines Model 3 et Model Y ainsi que le pick-up Cybertruck et le camion Semi.
Musk a lui-même déjà quitté Los Angeles pour le "Lone Star State" en 2020. Il avait justifié ce déménagement personnel par la nécessité d'être au plus près des deux projets qui occupaient alors l'essentiel de son temps: le développement de fusées par sa société spatiale SpaceX dans le sud de l'Etat et la construction de l’usine automobile de Tesla près d'Austin. Il s’était aussi écharpé depuis le début de la pandémie avec les autorités californiennes sur des règles sanitaires qu'il jugeait trop strictes.
L’Etat texan attire autant qu’il rebute le monde économique américain: plusieurs grandes sociétés américaines, qui ont récemment ouvertement critiqué cet Etat suite à l'adoption d'une loi particulièrement restrictive sur l'avortement. Le géant de l'informatique Salesforce a par exemple offert son aide aux employés qui souhaiteraient quitter le Texas.
Mais le développement de la scène tech, notamment à Austin, ville riche et cultivée, ainsi que les incitations fiscales locales, attirent de grands noms. Oracle et Hewlett Packard Enterprise ont ainsi mis le cap sur le Texas en 2020, et profiteront de son d'absence d'impôt sur les bénéfices.
Tesla dans la tourmente
Durant l’assemblée générale, l’homme le plus riche du monde a défendu la bonne dynamique commerciale de Tesla, qui a annoncé début octobre avoir livré un nombre record de véhicules au troisième trimestre, à contre-courant d'un marché plombé par la pénurie de semi-conducteurs.
Mais Tesla reste empêtré dans une affaire de racisme. La firme a été condamnée cette semaine à payer à un ex-employé noir 137 millions de dollars de dommages et intérêts, pour avoir fermé les yeux sur le racisme que subissait l'homme dans une usine Tesla. Le groupe s’est défendu étrangement, reconnaissant les faits tout en arguant que l’employé n’était que contractuel pour un prestataire, et donc pas salarié de Tesla.
Les actionnaires ont voté en majorité, contre l'avis du conseil d'administration de Tesla, pour une résolution demandant au groupe d'être plus transparent sur ses pratiques en termes de diversité. La proposition demande notamment à ce que Tesla donne des détails sur la répartition des employés par genre et par ethnicité et à ce que le conseil évalue l'efficacité des mesures prises par le groupe en termes de recrutement ou de promotion.