"Shein tue", "travail forcé", "esclavage": la vitrine du pop-up store du géant chinois de la fast fashion dégradée à Dijon

La vitrine du pop-up store du géant chinois de la fast fashion a été dégradée à Dijon. - BFMTV
La gronde vis-à-vis des symboles de la fast fashion ne faiblit pas. Dernière preuve en date à Dijon où la vitrine du pop-up store de Shein a été dégradée dans la nuit de mercredi à jeudi, quelques heures avant son ouverture, alors que vient de s'ouvrir la période stratégique des soldes d'été. Comme l'a constaté BFMTV, plusieurs inscriptions ont été taguées sur la façade comme "Shein tue" mais aussi "esclavage", "exploitation", "pollution" ou encore "travail forcé". Ces tags qui font référence à certaines critiques régulièrement soulevées à l'encontre des acteurs de la fast-fashion ont été nettoyés tôt dans la matinée.
Malgré la polémique autour de son installation dans le centre-ville de la capitale bourguignonne, la boutique éphémère a attiré plusieurs dizaines de clients avant même son ouverture à 10h. Ces derniers avaient réservé un créneau en ligne afin d'accéder au magasin et de profiter des prix particulièrement bas de la marque. Les portes du pop-up store dijonnais seront ouvertes pendant neuf jours, jusqu'à samedi 5 juillet inclus.
Une loi contre la "fast fashion" bientôt effective
Cet épisode survient seulement 15 jours après que le Sénat a adopté, un an après l'Assemblée nationale, une proposition de loi pour freiner l'essor de la "fast fashion", cette mode "ultra éphémère" incarnée par le géant Shein et ses vêtements à bas coût expédiés par millions depuis la Chine. Pénalités pour les entreprises polluantes, publicité interdite, obligations pour les plateformes, influenceurs sanctionnés... La proposition de loi met en place toute une panoplie d'outils pour limiter ce phénomène en pleine expansion.
Pour être mis en œuvre, le texte doit encore faire l'objet d'un accord députés-sénateurs lors d'une commission mixte paritaire (CMP) attendue à l'automne. Entre temps, la Commission européenne aura été notifiée et aura pu adresser des observations à la France sur ce dossier complexe.
Particulièrement visée par les sénateurs, la plateforme Shein. L'entreprise basée à Singapour se distingue des acteurs historiques de l'industrie textile par la multiplication de ses produits. Une déferlante de 7.220 nouvelles références par jour en moyenne, selon une analyse réalisée par l'AFP du 22 mai au 5 juin. Contre quelque 290 nouvelles références quotidiennes dans la catégorie "vêtements femmes" et 50 dans celle "vêtements hommes" du site de H&M, acteur traditionnel du secteur. L'ambition du Sénat comme du gouvernement est donc de cibler Shein plutôt que H&M, Zara ou Kiabi.
Des pénalités à hauteur de 10 euros par article en 2030
Shein a de son côté pointé un texte qui "risque de faire peser la responsabilité de la durabilité sur les consommateurs, déjà confrontés à des pressions économiques, en réduisant davantage leur pouvoir d'achat", après avoir déjà dénoncé ces derniers jours une "loi anti-Shein". L'entreprise défend ouvertement son modèle, placardant des affiches "La mode est un droit, pas un privilège" ou organisant des rassemblements de consommateurs comme dimanche à Saint-Denis ou à Béziers.
Si la loi entre en vigueur, la plateforme devra se plier à d'importantes obligations, comme celle de sensibiliser les consommateurs à "l'impact environnemental" de leurs vêtements. Elle devra également s'acquitter des "écocontributions" renforcées dans la loi, sur un principe de "bonus-malus" lié aux critères de "durabilité" des entreprises. Avec une pénalité qui atteindra au moins 10 euros par article en 2030.