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Quand Virgin Atlantic trahit Air France-KLM, son (futur ?) actionnaire

Le groupe Air France-KLM a misé en 2018 près de 250 millions d"euros pour prendre 31% du capital de Virgin Atlantic. Avant même l'approbation de cette opération, la compagnie britannique a décidé de s'allier à l'un des plus gros concurrents du groupe franco-néerlandais: easyJet.

Le groupe Air France-KLM a misé en 2018 près de 250 millions d"euros pour prendre 31% du capital de Virgin Atlantic. Avant même l'approbation de cette opération, la compagnie britannique a décidé de s'allier à l'un des plus gros concurrents du groupe franco-néerlandais: easyJet. - Robin Utrecht / ANP / AFP

Virgin Atlantic a décidé de s'allier avec easyJet pour mieux remplir ses vols entre Londres et les Etats-Unis. Un accord plus qu'étrange pour une compagnie dont Air France-KLM doit devenir l'an prochain actionnaire à 31%.

Virgin Atlantic a signé ce mardi un accord assez historique. La compagnie fondée par Richard Branson s’associe à easyJet pour assurer un meilleur remplissage de ses avions entre Londres et les Etats-Unis. De son côté, la compagnie low cost britannique qui ne dispose pas d'avions long courrier, va pouvoir vendre des billets à destination de Miami, Los Angeles, San Francisco ou New York, depuis les dizaines de villes d’Europe et du Maghreb qu’elle dessert depuis l’aéroport de Gatwick, l’un des deux aéroports londoniens sur lesquels Virgin Atlantic est implanté en Europe.

La compagnie britannique créée par le groupe Virgin suit ainsi l’exemple de Singapore Airlines, première grande compagnie à avoir signé avec easyJet pour, elle aussi, mieux remplir ses vols long-courrier avec des passagers européens qu’elle récupérait jusqu’alors en s’appuyant essentiellement sur les compagnies du groupe Lufthansa. Mais la différence entre Singapore et Virgin Atlantic, c’est que la première n’a aucun lien capitalistique avec Lufthansa alors que la seconde avait accepté de faire entrer Air France KLM dans son capital aux cotés de Delta. Moyennant un investissement de près de 250 millions d’euros, le groupe Air France KLM doit se voir octroyer l’an prochain 31% du capital de Virgin Atlantic.

Delta derrière ce coup de Trafalgar?

L’opération doit néanmoins encore être approuvée par les autorités compétentes. Doit ou devait? Le choix de la direction de Virgin Atlantic peut en effet être considéré comme un acte de trahison, puisque cette compagnie choisit ouvertement de s’allier avec easyJet, un concurrent majeur d’Air France-KLM, qui plus est en lui soustrayant potentiellement de nombreux clients potentiels. Une décision d’autant plus surprenante que l' actionnaire majoritaire de Virgin Atlantic, Delta Air Lines, est également au capital d’Air France-KLM et que jusqu’alors ils s’étaient toujours entendus pour gérer en bonne intelligence leurs vols transatlantiques réciproques.

Depuis 2010, elles coordonnent leurs horaires, leurs tarifs et leurs opérations de marketing via une entreprise détenue conjointement. Ce coup de Trafalgar de Virgin Atlantic est-elle le premier acte d’un possible divorce entre Air France-KLM et Delta? Interrogée, la direction d’Air France-KLM se contente de cette réponse laconique: "Le groupe ne commente pas l’annonce du nouveau partenariat de Virgin Atlantic avec easyJet". Mais il va de soi qu'elle n'avait pas été mis dans la confidence.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco