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Le ticket restaurant version papier condamné à disparaître en 2022

En France, la dématérialisation des titres restaurant va bientôt fêter ses 5 ans, le décret du 4 mars 2014 ayant été mis en application le 2 avril de la même année.

En France, la dématérialisation des titres restaurant va bientôt fêter ses 5 ans, le décret du 4 mars 2014 ayant été mis en application le 2 avril de la même année. - Eric Piermont-AFP

Dans trois ans, EdenRed ne proposera plus que des cartes à ses clients. Validée par l'Etat en 2014, la dématérialisation de ces titres de paiement a déjà séduit de nombreux employeurs. mais elle se heurte aussi à certaines facilités d'usage que la carte ne permet pas.

Autorisée par décret en mars 2014, la dématérialisation des titres-restaurants va-t-elle devenir la règle? En l'absence d'une réglementation imposant, à terme, la disparition des titres en papier, certains acteurs du marché prennent les devants.

Edenred, numéro un du secteur avec 38% du marché en France, annonce ainsi l’abandon du papier dès 2022. "D'ici trois ans, le ticket restaurant papier va disparaître, on passera au 100% digital" déclare Julien Tanguy, directeur général, dans un entretien à La Tribune.

L'ex-filiale du groupe Accor encourage depuis l’origine le passage au numérique. Ce volontarisme se traduit dans les chiffres de progression des employeurs ayant opté pour la carte de paiement. Un peu plus de 12.000 entreprises sur les 65.000 clients français du programme Ticket Restaurant d'Edenred sont passées au titre-restaurant dématérialisé, selon La Tribune. Mais ce sont des clients qui emploient beaucoup de monde. Sur les 1,8 million de salariés bénéficiant de tickets restaurants, 800.000 disposent ainsi de la carte du groupe avec laquelle ils paient directement leur repas de midi les jours où ils travaillent.

La part des montants payés par carte atteint 20%

La conversion au numérique du titre-restaurant semble s'accélérer aussi chez les concurrents. Natixis, émetteur de la carte et du chèque Apetiz, la valeur totale des paiements dématérialisés se situe désormais autour de 20%. "Nous constatons une progression rapide depuis six mois, sur le secteur privé et public. Nous estimons probable une bascule complète à la dématérialisation pour le millésime 2022" ajoute-t-on chez cette société du groupe bancaire BPCE.

Pour convaincre les usagers (entreprises comme salariés) encore rétifs au passage à la version numérique, ses partisans rappellent que celle-ci corrige les défauts (paiement en ligne possible, plus de titre perdu) du titre papier (cf ci-dessous, la liste des avantages du titre dématérialisé, selon la commission nationale du titre-restaurant). 

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Mais, le passage au titre-restaurant numérique n'a pas que des vertus du point de vue du salarié. Il rend plus difficile de petits "arrangements", en contradiction avec la loi, que permet le chèque papier comme l'usage dominical, le paiement avec plusieurs titres pour régler une note de restaurant en famille ou aider un SDF...

Le quotidien d'un utilisateur de titre-restaurant 100% numérique devient aussi plus contraignant qu'avec la version papier au moment d'acheter en magasin des "préparations alimentaires directement consommables", seules denrées autorisées en théorie à l'achat. Quand on présente une carte, les caisses des supérettes et des hypermarchés trient automatiquement entre ce qui peut être réglés par ce moyen et ce qui ne l'est pas comme la viande et le poisson non transformés, les pâtisseries et glaces, l'alcool ou l'épicerie (pâtes, riz, ...).

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- © Source: Apetiz (groupe BPCE)

Ces contraintes sont la contrepartie du fait que les sommes financées par l'entreprise pour que le salarié prenne un repas par jour sont exonérées de charges fiscales et sociales. Cette contribution, forcément comprise entre 50 et 60% de la valeur faciale du titre (cf tableau ci-dessus), soit au maximum 5,52 euros par titre depuis le 1er janvier 2019, peut atteindre 1214,40 euros (5,52 euros x 220 jours ouvrés en moyenne) de revenu complémentaire par an et par salarié...

Frédéric Bergé