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Et si les croisières polluaient beaucoup moins d'ici à 2030?

Les membres de Clia - soit 95% des compagnies de croisière, soit près de 300 navires en circulation dans le monde - se sont engagés à "réduire de 40% leurs émissions de carbone d'ici 2030".

Les membres de Clia - soit 95% des compagnies de croisière, soit près de 300 navires en circulation dans le monde - se sont engagés à "réduire de 40% leurs émissions de carbone d'ici 2030". - Miguel Medina-AFP

Réputée pollueuse de l'air, l'industrie de la croisière avec ses paquebots géants veut réduire de 40% ses émissions carbone d'ici à 2030. Elle prévoit l'entrée en service progressive de paquebots au gaz naturel liquéfié (GNL) comme l'Aidanova et le Costa Smeralda de Costa Croisières.

L'accord de Paris sur le climat de 2015 a introduit "un défi pour l'industrie de la croisière", a résumé Tor Christian Sletner, vice-président en charge des affaires gouvernementales de Clia Europe. Cette branche de l'association professionnelle Clia représente 95% des compagnies de croisière, soit près de 300 navires en circulation dans le monde.

Il a déclaré que les membres de Clia s'étaient engagés à "réduire de 40% leurs émissions de carbone d'ici 2030". Un objectif qui n'est qu'une étape puisque le secteur ambitionne d'atteindre "zéro-émission d'ici la fin du siècle", a indiqué Tor Christian Sletner.

L'enjeu est d'améliorer la qualité de l'air en réduisant nettement l'émission de particules fines et d'oxydes de soufre en mer, comme à quai lors des escales. Dans certaines villes littorales, jusqu'à 30% de la pollution de l'air proviendrait du trafic maritime.

Les ferries commencent aussi à utiliser le GNL

Cette réduction de l'impact environnemental se fera en partie en remplaçant le fioul maritime avec des paquebots propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL). Ce combustible qu'utilisent déjà des ferries et qui évite presque entièrement l'émission de particules fines et d'oxydes de soufre, et permet également de réduire les émissions d'oxydes d'azote et de CO2.

Le premier paquebot géant navigant au GNL est l'Aida Nova, de la compagnie Aida Cruises (marque du groupe Costa Croisières, filiale du géant Carnival) mis à l'eau en 2018 et qui fera escale le 25 avril à Marseille. C'est d'ailleurs dans la cité phocéenne que le tribunal correctionnel avait condamné fin 2018 à 100.000 euros d'amende pour pollution de l'air, le croisiériste américain Carnival et le capitaine du paquebot l'Azura pour avoir utilisé du fioul trop chargé en soufre.

Les croisiéristes, qui ont beaucoup à se faire pardonner pour la pollution de l'air, ont lancé la construction de près d'une vingtaine de ses navires au GNL, comme le Costa Smeralda. Livrable en octobre 2019, ce mastodonte des mers de 337 mètres de long pour 42 mètres de large comptera quelque 2600 cabines pour accueillir 6500 passagers.

"Le GNL c'est très bien, mais il faut pouvoir s'approvisionner dans tous les ports", a tenu à souligner Erminio Eschena, pour lequel "un acteur seul ou une industrie seule ne réglera pas le problème de la pollution, il faut que l'écosystème complet s'y mette", Clia réclamant notamment plus de pompes à GNL dans les ports.

L'an dernier, un total de 28,5 millions de personnes dans le monde ont effectué une croisière, soit une hausse de 6,7% en un an. Cette progression a atteint 3,3% en Europe, et 3,4% en France où le nombre de croisiéristes s'est établi à 520.800 en 2018.

Frédéric Bergé avec AFP