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Plan de résilience: ce que prévoit le gouvernement pour aider les entreprises et les ménages

Des chèques carburant pour les ménages? Du chômage partiel pour les entreprises? Pour contrer les effets sur l'économie de la guerre en Ukraine, le gouvernement prépare plusieurs mesures.

Quelles solutions mettre en oeuvre pour faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine? L'exécutif est en train de finaliser sa réponse. Après avoir consulté à tout va: des partenaires sociaux, aux grosses entreprises en passant par les filières les plus exposées, les derniers arbitrages sont en cours. Le plan de résilience sera dévoilé dans la semaine qui arrive avec un objectif clairement affiché: ne surtout pas ressusciter le quoi qu'il en coûte.

Il y aura forcément des déçus. De très nombreuses entreprises sont touchées par cette guerre. Selon la CPME, près de 2000 sont directement exposées soit parce qu'elles sont présentes en Russie ou en Ukraine, soit parce qu'elles exportent sur ces marchés. Et c'est sans compter toutes celles qui sont indirectement concernées, à cause de la flambée des prix de l'énergie ou des problèmes d'approvisionnement.

"Pas question pour autant de revenir au quoi qu'il en coûte" prévient-on à Bercy.

Pour des raisons politiques d'abord. L'exécutif ne peut pas multiplier les chèques et laisser filer encore un peu plus la dépense publique à un mois de la présidentielle. Mais aussi pour des raisons économiques. La crise ukrainienne est un problème d'offre et non pas de demande, arroser massivement l'économie reviendrait "à mettre de l'essence sur un incendie, en alimentant l'inflation" explique Bruno Le Maire. Les syndicats sont d'ailleurs sur la même ligne pour d'autres raisons: "On veut éviter les effets d'aubaines et concentrer les aides sur ceux qui en ont le plus besoin", explique-t-on à la CFDT.

Quelques centaines d'entreprises concernées

"Ce plan se chiffrera à quelques milliards d'euros et concernera seulement quelques centaines d'entreprises" selon une source gouvernementale. Les mesures seront ciblées uniquement sur les entreprises les plus fragilisées par la crise: celles particulièrement gourmandes en énergie ou particulièrement exposées à la concurrence internationale.

Parmi les mesures évoquées: le chômage partiel pourrait faire son grand retour pour les entreprises qui tournent au ralenti, faute de débouchés parce qu'elles exportaient vers la Russie ou l'Ukraine ou à cause de difficultés d'approvisionnement. Les organisations patronales poussent l'exécutif à remettre en place l'activité partielle classique, prise en charge par l'Etat comme au pic de la crise Covid.

"Un dispositif plus flexible que l'activité partielle longue durée (APLD), car il ne nécessite pas d'accord" nous dit un haut responsable patronal.

Pas question rétorque pour l'instant l'exécutif, qui pousse lui les entreprises à signer au plus vite des accords d'activité partielle longue durée et se dit prêt à des aménagements. L'APLD présente en effet deux difficultés: les entreprises ont jusqu'au 30 juin 2022 pour conclure un accord et le dispositif ne peut pas durer plus de 24 mois. Ce qui pourrait être trop limité pour des entreprises qui ont déjà utilisé ces droits à cause de la crise Covid.

Autre mesure encore: la CPME plaide pour la mise en place rapide d'avances remboursables, c'est-à-dire des prêts publics, qui pourrait permettre aux entreprises qui sont confrontées à des pénuries de se positionner rapidement pour trouver d'autres sources d'approvisionnement. En décembre, alors que les entreprises étaient déjà confrontées à des pénuries, Bruno Le Maire avait déjà prévu de débloquer 500 millions d'euros, via Bpifrance mais rien n'a été mis en place explique un responsable patronal.

Enfin, un geste est prévu pour les entreprises et les ménages, pour faire face à la flambée des prix des carburants. Côté entreprises, les entreprises les plus touchées, les routiers, qui récupèrent déjà une partie de la TICPE, veulent en récupérer une plus grosse partie et plus rapidement: non plus tous les trimestres mais tous les mois. Ils réclament aussi la suppression de la TVA sur la TICPE. "Sur ces mesures, Bercy n'a pas fermé la porte" nous dit un responsable patronal.

Un geste pour les ménages

Quant aux ménages, toutes les options sont sur la table: Une nouvelle prime inflation va-t-elle être mise en place? "Pas assez ciblée vers les ménages les plus modestes" nous dit une source syndicale. L'exécutif réfléchit également à inciter les entreprises à verser des chèques carburants, un dispositif qui existe déjà à l'image des chèques restaurants, mais qui pourrait être "déplafonné et davantage défiscalisé" nous dit une source au coeur des négociations.

Un responsable patronal enfin plaide pour une ristourne fiscale ou un crédit d'impôt sur les indemnités kilométriques. Une mesure qui là encore aurait l'avantage de cibler les plus gros conducteurs

Rien n'est encore définitivement arbitré mais quoi qu'il en soit, l'exécutif a déjà préparé les esprits: toutes ces mesures ne suffiront pas effacer totalement le choc de cette crise.

Caroline Morisseau