"Nous partons, notre décision est définitive": présente au BHV depuis 4 ans, la marque Aime refuse d'être associée à Shein

C'est une onde de choc. L'annonce de l'arrivée d'un corner du chinois Shein dans les murs du BHV parisien et de Galeries Lafayette en province suscite une levée de boucliers sans précédent, notamment de la part de marques présentes dans ces magasins. C'est le cas de Aime qui propose des cosmétiques et qui est distribuée au BHV. Sur BFM Business, Mathilde Lacombe, sa cofondatrice affiche sa colère et annonce même son départ du magasin parisien. "Nous avons fait part de notre volonté de partir, notre décision est ferme et définitive. Nous avons construit notre marque avec des valeurs fortes et c'est important d'avoir des partenaires qui partagent ces valeurs. En restant, on aurait l'impression de cautionner ce que Shein fait, on refuse et donc on part", explique-t-elle.
"On est super déçus, le BHV c'est un super magasin, quand on est arrivé il y a quatre ans, on était très fiers mais là on préfère en sortir", poursuit-elle.
Quitte à perdre du chiffre d'affaires malgré un contexte économique difficile. "Pour nous, c'est un risque à court terme, même si le BHV n'est pas notre plus gros partenaire, ça reste malgré tout une perte de chiffre mais je suis convaincue que sur le long terme c'est le bon choix".
Dans un post LinkedIn, elle ajoute: "nous ne pouvons pas fermer les yeux. En intégrant Shein, le BHV envoie un signal très négatif à l’ensemble du secteur. Je pense qu’il est de notre responsabilité, en tant que marques, de nous positionner clairement. Et j’invite toutes les marques partageant ces convictions à réfléchir à cette décision avec nous. Nos choix collectifs construisent l’avenir de notre industrie".
"Nous ne pouvons pas fermer les yeux"
L'entrepreneuse précise d'ailleurs avoir échangé "avec plusieurs entrepreneurs" autour de cette idée de départ afin de faire plier le BHV. Mais pour le moment, ces menaces ne semblent pas convaincre la direction du grand magasin. "Ils ne semblent pas prêts à changer leur position mais à plusieurs on est plus forts", estime Mathilde Lacombe. Rappelons que les Galeries Lafayette ont annoncé mercredi "refuser l'installation" de la marque de mode asiatique Shein dans cinq magasins affiliés dans des villes françaises, dont le groupe Galeries Lafayette n'est toutefois plus l'exploitant, ces établissements ayant été cédés et étant détenus par le groupe SGM.
"Les Galeries Lafayette tiennent à exprimer leur profond désaccord avec cette décision [de SGM] au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d'ultra fast fashion qui est en contradiction avec leur offre et leurs valeurs", selon un communiqué.
Ce projet "est également contraire aux conditions contractuelles d'affiliation qui lient le groupe SGM aux Galeries Lafayette", estiment ces dernières dans un communiqué. Si "les affiliés ont une latitude d'action pour choisir les marques qu'ils veulent vendre dans leurs magasins", ces marques doivent correspondre au "positionnement premium des Galeries Lafayette", ce qui n'est pas le cas de Shein, a expliqué à l'AFP une source proche du dossier. Les Galeries Lafayette, qui ont "fait part" de leur "position au groupe SGM", assurent qu'elle "empêcheront la mise en oeuvre" du partenariat avec Shein, selon le communiqué.
De son côté, SGM, interrogé par l'AFP, "réaffirme que ce partenariat est conforme aux conditions contractuelles liant SGM aux Galeries Lafayette", et assure que "le dialogue reste constant entre les deux pour lever ce malentendu". Société créée en 2021 par deux trentenaires frère et soeur, Frédéric et Maryline Merlin, SGM est une foncière commerciale qui détient et exploite notamment le BHV Marais et au total sept magasins Galeries Lafayette en province.