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Made.com: la mise aux enchères des stocks en Grande-Bretagne exacerbe la colère des clients français

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Si la marque a été reprise par Next, les stocks de meubles sont vendus aux enchères pour payer les créanciers. Et certains de se demander si leur commande ne va pas être vendue une seconde fois.

Beaucoup de canapés, des lits, des fauteuils, des lampes, des accessoires... des centaines de lots de meubles issus des stocks de Made.com sont actuellement mis en enchères en ligne par la maison britannique John Pye. Les enchères actuelles pour les lots de la semaine vont de 23 à plus de 1000 livres sterling pour un canapé en cuir trois places. La fin de la vente aura lieu ce jeudi à 20h.

Rappelons que le groupe d'habillement britannique Next a versé 3,4 millions de livres (3,9 millions d'euros) pour mettre la main sur la marque, les noms de domaine et la propriété intellectuelle de Made.com, mais n'a pas voulu reprendre le stock du vendeur de meubles. Leur vente doit permettre de payer au moins en partie les créanciers de l'entreprise en faillite.

Un espoir pour les centaines de clients lésés de la marque, notamment français, dont les commandes n'ont pas été honorées? Il faut savoir qu'au moment de sa faillite, environ 12.000 clients avaient des commandes en cours dont plus de 1000 en France.

Plus de 1000 clients français lésés

Mais pour eux, la possibilité d'être remboursé est mince, puisque les clients sont derniers les créanciers à être remboursés. D'autant plus que l'entreprise, britannique, échappe aux règles européennes.

"Le paiement des dettes de Made.com se fera en fonction du statut des créanciers de l’entreprise et de leur rang: les clients ne sont pas prioritaires et ne pourront éventuellement être remboursés que s’il reste des liquidités une fois les autres créanciers payés", expliquait ainsi à BFM Business Paul Vialard, avocat spécialiste des questions de consommation.

Sur les réseaux sociaux, les groupes dédiés s'enflamment. Les uns tentent de se faire rembourser par leur banque à travers leur carte de paiement, d'autres décident de saisir des associations de consommateurs, la Répression des fraudes ou de mettre en demeure les administrateurs.

Certains sont remboursés mais c'est la loterie. "Ceux qui ont payé via PayPal ont été remboursés rubis sur l'ongle, certaines banques comme le Crédit Agricole ou encore le CIC jouent le jeu sans trop de problème. Les assurances liées aux cartes de paiement peuvent également fonctionner. D'autres refusent catégoriquement à cause de l'établissement hors UE de Made.com et des établissements de crédit ne remboursent qu'après avoir reçu une lettre d'avocat", résume pour BFM Business une des membres du groupe Facebook "Made.com/In France/customers waiting for delivery or refund" qui compte à ce jour 1700 membres.

Quant aux enchères actuellement organisées en Angleterre, "elles sont très mal vécues par les clients français", affirme la membre du groupe Facebook.

Des enchères "très mal vécues" par les clients français

"En réalité, on ne sait pas où sont les meubles commandés dont certains ont été expédiés vers les livreurs (4500 dit PWC, l'administrateur, NDLR) qui disent ne pas avoir été payés avant que Made annonce ses difficultés. D'autres meubles étaient stockés dans les usines d'assemblage. Alors certains pensent que leurs meubles commandés mais jamais livrés font partie des enchères, c'est impossible à vérifier mais c'est très mal vécu".

Il faut en effet rappeller que Made.com ne faisait aucun stock et commençait à faire fabriquer des séries de meubles une fois avoir atteint un volume de commandes suffisant.

Et certains s'interrogent au sujet de soldes organisés sur le site en août et septembre alors que l'entreprise se savait déjà en difficulté (il suffit de lire les résultats du premier semestre du groupe). Beaucoup de clients piégés pensaient faire de bonne affaires, alors que Made.com était sur le point d'arrêter brutalement ses activités.

Des clients français envisagent d'ailleurs de retrouver leur commande quitte à la payer une seconde fois à petit prix. Surtout que la maison d'enchères promet que la livraison à domicile sera disponible et que les achats seront expédiés avant Noël.

"Bien qu'il s'agisse d'une situation incroyablement difficile, elle offre également aux acheteurs la rare opportunité de contourner les temps d'attente croissants à l'échelle de l'industrie pour la livraison de meubles. Les passionnés et les clients de Made.com ont la possibilité d'ajouter de nouvelles pièces pour la maison et d'acheter des meubles de la plus haute qualité, à des prix avantageux, juste à temps pour Noël", s'enthousiasme d'ailleurs Trevor Palethorpe, co-responsable de John Pye.

Peine perdue, John Pye prévient qu'il ne livrera qu'au Royaume-Uni. La sortie du pays de l'Union européenne ajoute à la complexité du dossier.

Interrogée, la maison ajoute par ailleurs que seuls les paiements provenant d'un compte bancaire britannique seront acceptés.

Pour recevoir le produit, un client français devrait alors être titulaire d'un compte de ce type et de payer des droits de douane prohibitifs ce qui risque de décourager toute velléités d'enchères.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business