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LVMH va pouvoir installer son centre de recherche à côté de Polytechnique à Saclay

LVMH va pouvoir installer son centre de recherche à côté de Polytechnique à Saclay

LVMH va pouvoir installer son centre de recherche à côté de Polytechnique à Saclay - MARTIN BUREAU / AFP

Après un vote à l'issue positive du conseil d'administration de Polytechnique, le géant du luxe va être autorisé à installer son centre de recherche à côté de l'X.

Le numéro un mondial du luxe LVMH va pouvoir installer son nouveau centre de recherche sur le plateau de Saclay (Essonne) à proximité de l'école d'ingénieurs Polytechnique, malgré les protestations de plusieurs élèves et anciens élèves. Le conseil d'administration de Polytechnique a validé par 19 voix pour, 4 contre et une abstention la vente d'un terrain voisin de son école au groupe de luxe.

100 millions d'euros d'investissement

Le projet, baptisé LVMH Gaia, regroupera à terme 300 chercheurs sur une surface de 22.500 m², selon LVMH qui entend investir plus de 100 millions d'euros dans le futur bâtiment. Le centre de recherche dédié au "luxe durable et digital" du groupe de Bernard Arnault, lui-même polytechnicien, prévoit d'investir 2 millions d'euros par an pendant 5 ans sur des partenariats de recherche avec Polytechnique, surnommée l'X.

"Polytechnique n'est pas à vendre!"

Le terrain, situé au sein du parc d'innovation de l'Institut Polytechnique de Paris (qui regroupe cinq écoles dont l'Ecole Polytechnique) appartient à l'établissement public d'aménagement de Paris-Saclay (EPAPS). La parcelle choisie par LVMH étant voisine de l'école d'ingénieurs, cette dernière avait un veto jusqu’en 2025. Depuis son annonce officielle cet été, plusieurs élèves et anciens élèves de Polytechnique ont exprimé leur opposition au projet, notamment au travers d'un collectif appelé "Polytechnique n'est pas à vendre!". Ce dernier demande que le bâtiment de LVMH soit construit à l'extérieur du campus et que les terrains de la zone nord-est du campus, dont la parcelle convoitée par LVMH, soit réaffectés à l'usage de l'Institut Polytechnique de Paris.

Un "projet délétère"

Une tribune publiée dans Le Monde début septembre signée par 73 anciens élèves évoquait un "projet délétère", qui "travaille sur des problèmes techniques éloignés des thématiques de recherche de l'école: remplacement des plastiques par des alternatives plus écologiques dans des emballages de parfum, développement d'algorithmes de recommandation plus performants pour accroître la quantité de produits vendus, etc".

"Ce n'est pas la fin de la mobilisation"

Les signataires accusaient le groupe de Bernard Arnault de vouloir "cimenter une respectabilité factice sur la question environnementale et sécuriser un accès privilégié aux élèves du campus, tandis que les retombées du côté de l'école seraient extrêmement maigres, tant sur le plan financier que scientifique". Matthieu Lequesne, porte-parole de "Polytechnique n'est pas à vendre!", estime auprès de l'AFP que quatre votes contre et une abstention dans un conseil d'administration "qui vote toujours de manière unanime" est un signe fort d'opposition. "La dernière fois qu'il y a eu autant d'opposition, c'était en 2016", selon lui. "Ce n'est pas la fin de la mobilisation", assure-t-il, "les usagers du campus sont en majorité contre ce projet".

Rien de certain

Rien ne certifie cependant que LVMH acquerra le terrain, selon le porte-parole du collectif. Le directeur de la stratégie du groupe de luxe, Jean-Baptiste Voisin, a laissé planer le doute lundi dans Les Echos. Si le conseil d'administration de Polytechnique ne s'oppose pas à l'achat du terrain par LVMH, "nous aurons l'opportunité de l'acheter, mais ce n'est pas dit qu'on le fasse. Ce n'est qu'une option d'implantation parmi beaucoup d'autres en région parisienne, et nous les étudions toutes", a ainsi déclaré M. Voisin, également secrétaire général de l'association des anciens de Polytechnique. Le projet est "complètement transposable", selon lui, "vous le prenez par hélicoptère, vous le déposez où vous voulez".

En janvier, le groupe TotalEnergies avait renoncé à implanter son nouveau pôle de Recherche et Développement sur un terrain situé également à proximité de l'école Polytechnique après la mobilisation de professeurs et d'élèves opposés au projet.

ES avec AFP