Les TPE et PME françaises semblent "refuser d'entrer dans la crise", selon Bpifrance

Les TPE et PME semblent résister au pessimisme et à "entrer dans la crise", malgré le manque de dynamisme de l'économie, montre le baromètre trimestriel Bpifrance Le Lab-Rexecode à paraître lundi. Certes, le "principal risque" entrevu par ces dirigeants est "la dégradation des perspectives d'activité", avec 40% des réponses.
Mais "le reste n'a rien de catastrophique", observe Philippe Mutricy, directeur des Etudes de Bpifrance. Le problème de recrutement vient en deuxième (18%), la hausse des coûts inquiète prioritairement 13% des dirigeants, les "difficultés extrêmes de trésorerie" 8% et le climat social 4%. Huit pour cent des patrons ne voient "pas de risque majeur" pour leur entreprise.
L'opinion sur l'évolution de la trésorerie dans les trois derniers mois gagne trois points par rapport à avril à -17. Le jugement sur la situation actuelle est stable à -13, il se dégrade en revanche légèrement (- 2 points à -14) sur les perspectives futures. La moyenne de long terme est d'environ - 10.
"Pas vraiment d'alerte non plus", selon Philippe Mutricy, sur l'opinion légèrement dégradée quant à l'augmentation des délais de paiement.
Réussir à trouver du personnel, préoccupation numéro 1
L'investissement "reste dynamique" puisque la part de PME/TPE investissant en 2023 remonte à 57% (+2 points) et pour 28% (+1 point), ces dépenses augmenteront cette année. Renouveler les équipements ou les moderniser sont les premières raisons d'investir (74% et 66%), mais "l'environnement" est cité par 44% des dirigeants, contre 25% en moyenne de 2017 à 2019. Pour Philippe Mutricy, cette progression est "durable".
Arriver à trouver du personnel reste de loin la première préoccupation des dirigeants de PME/TPE (54%), devant "les perspectives de demande dégradées (41%, +6 points). La peur de prix trop élevés recule (34%, -7 points).
"C'est comme si les TPE/PME refusaient d'entrer dans la crise, on n'est pas dans une situation d'économie dynamique, mais on continue d'investir", note Philippe Mutricy qui juge "tout à fait probable" une croissance de 0,9% (prévision de la Banque de France) à 1,4% (prévision du gouvernement) en 2024.
Un point d'interrogation demeure cependant selon lui: "Quand les ménages vont-ils se dire que l'inflation est passée" et se remettre à consommer, alors que leur taux d'épargne est monté à 19% au deuxième trimestre, contre environ 15% traditionnellement.
L'enquête a été réalisée par voie numérique auprès de 2.503 dirigeants de PME/TPE du 28 août au 8 septembre.