Les salles de sport encouragent la sobriété énergétique mais n'excluent pas une hausse des tarifs

Le sort semble s'acharner sur les salles de sport. Pendant près de deux ans, ces établissements avaient déjà payé un lourd tribut en raison de la crise sanitaire marquée par des phases de fermeture contrainte plus ou moins longues. Une période qui avait entraîné une diminution sensible du nombre d'abonnés dans plusieurs salles de prestataires différents. Alors que le secteur tente de se refaire une santé, il est désormais exposé à l'augmentation drastique des prix de l'énergie.
Et le poste énergétique pèse un certain poids dans les coûts de fonctionnement des salles de sport. "Pour une salle, les dépenses en gaz et en électricité représentent généralement 5 à 7% du prix annuel de fonctionnement", indique au Figaro Virgile Caillet, délégué général de l'Union Sport & cycle.
Le directeur général du groupe Fitness Park, Gaëtan Dubuisson, évoque quant à lui un montant correspondant à 3 ou 4% du chiffre d'affaires tandis que Thierry Marquer évoque des sommes annuelles oscillant entre 7000 et 8000 euros pour son réseau l'Orange Bleue.
Le quotidien précise cependant que tous ne sont logés à la même enseigne. Si la facture énergétique a au moins doublé du côté de l'Orange Bleue ou de Fitness Park, le groupe Keepcool déclare ne pas rencontrer de problème.
Des petits gestes économes du quotidien
Cette hausse de la facture invite forcément les salles de sport à prendre des mesures. Plutôt que d'y répondre par une simple hausse de leurs prix pratiqués, celles-ci privilégient en premier lieu un alignement avec les incitations actuelles, tant civiques que politiques, en faveur de la sobriété énergétique. L'Union Sport & Cycle invite par exemple les salles à baisser la température de 20 à 18° pour alléger la facture, peut-on lire dans la Gazette des Communes.
Par exemple, la structure haute-gamme KenGroup a bien anticipé la situation actuelle en faisant l'acquisition de machines cardio autonomes qui génèrent elles-mêmes leur énergie grâce au mouvement de pédales. A ce "coup d'avance", s'ajoutent d'autres mesures faciles à mettre en place au quotidien comme le lancement de machines pleines, la baisse d'un degré de la température des piscines ou encore l'incitation à des douches d'une durée inférieure à deux minutes grâces à des petits sabliers.
L'Orange Bleue planche sur de nouveaux éclairages LED tandis que Fitness Park s'oriente vers des détecteurs de mouvements et des filtres à air pour limiter la surconsommation des climatiseurs. "Nous invitons les adhérents à éteindre les appareils après utilisation", ajoute Gaëtan Dubuisson auprès du Figaro.
Une hausse des tarifs contre-productive en période de rentrée
Le directeur général du groupe Fitness Park rappelle que le poste énergétique n'est pas le seul à connaître une hausse de sa valeur dans ce contexte inflationniste: "Il y a eu trois augmentations de smic ces derniers mois, cela a un impact sur les salaires, sur les minima conventionnels de branche [...] et sur les prestataires de services, notamment dans la sécurité et le ménage des salles".
La période est d'autant plus trouble sur le plan financier qu'elle coïncide avec le remboursement des prêts garantis par l'Etat, largement sollicités par le secteur, et que le cas particulier des salles de sport durant la crise du Covid n'a pas amélioré leur image auprès des banques qui les perçoivent comme des clients à risque.
Surtout, l'augmentation des tarifs est considérée comme contre-productive dans une période aussi stratégique que la rentrée souvent synonyme d'afflux d'inscriptions. Pourtant, les acteurs de la branche sont bel et bien contraints d'y songer si l'inflation persiste. "Nous ne nous interdisons pas d'augmenter les tarifs si l'inflation perdure [...]. Nous ne pourrons pas endosser l'effort pendant des années", assure Gaëtan Dubuisson.
Gel des tarifs et recherche de nouveaux clients ... pour l'instant
Mais pour l'instant, l'heure est à la résistance comme le laissent entendre plusieurs salles de sport. "Nous avons gelé nos tarifs malgré la hausse du prix de l'énergie en 2022", souligne un représentant de Basic Fit tandis que Thierry Marquer privilégie la captation de nouveaux clients.
Le délégué général de l'Union Sport & cycle, Virgile Caillet, résume la double approche des entreprises du secteur: "On sort d'une période assez terrible, où l'on a perdu 50% du portefeuille d'abonnés. Là, nous sommes dans une phase de reconquête: certes, la hausse des tarifs énergétiques pourrait légitimement mener à une hausse des tarifs abonnés, mais je ne sais pas si c'est le bon moment [...] Si la situation devait durer plus longtemps, il y aura probablement un ajustement des tarifs".