Les salaires des grands patrons ont baissé de 14% en 2020

Bernard Charles, directeur général de Dassault Systèmes, a bénéficié de la rémunération la plus importante du SBF 120 en 2020. - AFP
3,2 millions d’euros. C’est la rémunération totale moyenne versée aux dirigeants des 120 plus grandes entreprises cotées en France (SBF 120) en 2020. Un chiffre en baisse de 14% (-11% pour le CAC 40, à 4,6 millions d’euros), selon le cabinet de conseil aux actionnaires Proxinvest qui pointe les conséquences de la pandémie de Covid-19:
"La crise sanitaire et son impact sur les résultats des entreprises et leurs salariés ont incité les dirigeants à renoncer à une partie de leur rémunération fixe ou variable. Ainsi, au sein du SBF 120, Proxinvest recense 58% de sociétés ayant annoncé une diminution de la rémunération du fait de la crise sanitaire, 6% ont décidé de geler une augmentation qui était programmée et seules 36% des sociétés n’ont rien changé".
Des bonus en baisse de 27%
Les travaux de Proxinvest tiennent compte de l’ensemble des formes de rémunération des grands patrons (fixe, bonus annuel, jetons, avantages en nature, stock-options et actions gratuites de performance valorisées à leur date d’attribution, intéressement en numéraire et autres formes indirectes de rémunération) mais pas des dividendes ou du patrimoine.
Il en ressort que le niveau moyen de rémunération des présidents exécutifs des entreprises du SBF 120 était en 2020 équivalent à celui de 2014-2015. Dans le détail, les salaires fixes des grands dirigeants ont diminué de 4,4% tandis que les bonus annuels ont chuté de 26,9% notamment parce que quinze dirigeants n’en ont pas du tout perçu.
La baisse des bonus annuels aurait même pu être pire si les entreprises "avaient appliqué les critères de calcul qu’elles avaient définis avant la pandémie", explique au Monde Loïc Dessaint, directeur général de Proxinvest. Or, certaines sociétés, conscientes de la difficulté à atteindre les critères de performance des rémunérations variables en 2020, "ont demandé à leur assemblée générale le droit de modifier a posteriori la politique de rémunération" tandis que "d’autres ont révisé à la baisse leurs objectifs de performance", souligne encore Proxinvest, ajoutant qu’"Accor et Pierre & Vacances ont même modifié les indicateurs de performance retenus et préapprouvés par les actionnaires sans même leur redemander leur avis, une pratique qu’il convient assurément de rejeter".
Bernard Charlès en tête, Stéphane Pallez dernière
Dans sept sociétés, les rémunérations des dirigeants étaient inférieures ou égales à 500.000 euros l’an passé. Il s’agit d'entreprises surtout contrôlées par l’Etat et dont les rémunérations sont plafonnées. A l’inverse, 14 dirigeants ont perçu plus que 5 millions d’euros. Malgré une baisse de 17%, le directeur général de Dassault Systèmes, Bernard Charlès, conserve la tête du classement avec une rémunération totale de 20,6 millions d’euros.
Viennent ensuite le PDG de Teleperformance Daniel Julien (17 millions d’euros, +29%) qui dispose par ailleurs du salaire fixe le plus élevé du SBF 120 (2,3 millions d’euros), l’ancien dirigeant de FCA (Fiat Chrysler) Mike Manley (14,9 millions d’euros), le PDG de TechnipFMC Douglas Pferdehirt (10,5 millions d’euros, -23%) et le directeur général de Rémy Cointreau Eric Valler (9,7 milloins d’euros). La PDG de la Française des Jeux, Stéphanie Pallez, arrive, elle, en dernière position avec 403.000 euros de rémunération perçue au titre de l’année 2020.