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Les pénuries de médicaments reculent depuis 2 ans mais restent à un niveau très élevé

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022.

Des boîtes de médicament dans une pharmacie à Paris, le 19 octobre 2022. - Christophe ARCHAMBAULT / AFP

Selon les données de l'Agence nationale de sécurité du médicament, les pénuries ont été divisées par deux entre l'hiver 2022-2023 et fin 2024.

La situation s'améliore lentement mais sûrement. Après un pic historique atteint lors de l'hiver 2022-2023, les pénuries de médicaments reculent en France, selon les données de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) relayées par la Drees.

Fin 2024, l'ANSM comptabilisait 400 présentations de médicaments simultanément "en rupture de stock", soit deux fois moins qu'au cours de l'hiver 2022-2023 (800). Un niveau qui reste toutefois très élevé comparé aux 250 ruptures enregistrées pendant le premier confinement de 2020 et à la centaine signalée en 2017.

Une présentation représente les différentes formes commercialisées d'un médicament. Par exemple, le Doliprane 500mg en comprimé en est une, le Doliprane 1g en comprimé en est une autre, de même pour le Doliprane 500mg en gélule, etc.

Un phénomène "pas propre à la France"

La Drees explique que les ruptures ont bondi "avec la crise sanitaire et la guerre en Ukraine". Mais le phénomène "n’est propre ni à la France, puisqu’on le retrouve dans la plupart des pays développés, ni aux médicaments, car il concerne également les dispositifs médicaux".

Pour analyser l'ampleur du phénomène, l'ANSM s'est appuyée sur les déclarations des laboratoires. Ces derniers ont l'obligation depuis de 2016 d'informer l'Agence dès lors qu'un médicament d'intérêt thérapeutique majeur (MITM) fait l'objet d'une rupture de stock. Ces médicaments sont ceux pour lesquels "une interruption de traitement est susceptible de mettre en jeu le pronostic vital des patients à court ou moyen terme". Sur les 17.000 présentations de médicaments commercialisées, 10.000 sont aujourd'hui des MITM. Il s'agit parfois de médicaments très consommés, comme ceux à base d’amoxicilline. 8% d'entre eux étaient concernés par une rupture au pic de l'hiver 2022-2023.

Les déclarations de ruptures de stock ont touché toutes les classes thérapeutiques mais quatre classes ont concentré les trois quarts des alertes: les médicaments du systèmes cardio-vasculaire (30% des déclarations), ceux di système nerveux (20%) les antibiotiques (14%) et les médicaments du système digestif (10%).

Des risques de ruptures également à un niveau élevé

Depuis 2020, les laboratoires doivent également déclarer les médicaments qui présentent un risque de rupture, c'est-dire ceux pour lesquels le stock risque de ne pas répondre complètement aux besoins. Là-encore, leur nombre a significativement augmenté ces dernières années pour atteindre 1.500 présentations à risque simultanément en 2023 avant de passer sous la barre des 1.200 fin 2024. Ce qui reste ici aussi un niveau élevé.

L'amélioration est tout de même bienvenue et se traduit dans les niveaux de stocks déclarés par les laboratoires alors que le stock médian des médicaments présentant un risque de rupture est passé de 1,3 mois en 2023 à 2 mois aujourd'hui.

Les prix des médicaments étant encadrés, les pénuries n'ont pas entraîné d'inflation. Mais elles ont tout de même eu un impact sur les ventes en pharmacie. Lors de l'hiver 2022-2023 notamment, "le nombre de boîtes de MITM manquantes mensuellement à la vente aux officines, à la suite d’une rupture ou d’un risque de rupture, a atteint 8 millions (hors hausses éventuelles des ventes d’alternatives thérapeutiques), soit entre 6,5% et 10% du volume de vente total de MITM", souligne la Drees.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco