Le train plutôt que l'avion? Ces entreprises offrent des congés en plus aux vacanciers responsables

Prendre le train prend généralement plus de temps que l’avion. Mais quand les jours de congés sont comptés, faut-il opter pour l'avion et atteindre sa destination rapidement, ou privilégier le train, même si le trajet est plus long, afin de réduire son empreinte environnementale? De plus en plus de Français font face à ce dilemme au moment de planifier leurs vacances.
Pour inciter ses salariés à opter pour des modes de transport plus écologiques, Ubiq, une entreprise française spécialisée dans la répertorisation des bureaux et des espaces de coworking en France, propose depuis janvier 2023 deux jours de congé par an. Cette initiative vise à encourager les employés à privilégier le train, le bus ou le covoiturage pour leurs voyages personnels en Europe, là où l’avion pourrait sembler plus rapide.
Un compromis intéressant pour les salariés et les entreprises
Les TTR pour "temps de trajet responsable", ne sont pas des congés comme les autres. Concrètement, le salarié est invité à travailler si c’est possible et quand il a accès à une connexion. Il peut répondre à des mails, lire des documents ou réfléchir à un sujet de fond, avant de profiter pleinement de ses congés. Dans un communiqué de presse de l’entreprise Ubiq, on apprend qu’un employé bénéficie d’un jour de TTR tous les six mois, soit deux jours par an maximum.
"Deux jours, c’est l’équivalent de deux week-ends si on prend à chaque fois deux demi-journées de TTR: une à l’aller et l’autre au retour. Ce qui nous paraissait être un bon compromis, à la fois intéressant pour les collaborateurs et entendable dans le cadre de la politique de congés", détaille Mehdi Dziri, directeur général d’Ubiq, cité par le Figaro. Deux ans et demi après l'instauration de ce congé spécial, 50 % des salariés l'ont utilisé pour se rendre en Italie, en Espagne ou en Corse.
Une initiative qui séduit de plus en plus d’entreprises
L'initiative d’Ubiq fait des émules. Les salariés de la start-up sociale Vendredi bénéficient également de ce dispositif depuis l’été 2023. Pour être éligible, les dirigeants de cette dernière demandent à leurs collaborateurs de justifier d'un trajet de plus de six heures, effectué en train, en bus, en covoiturage ou même à vélo. Autre singularité, ce congé peut être scindé en deux demi-journées. HomeExchange, la plateforme spécialisée dans l'échange de maisons entre particuliers, a également franchi le cap en décembre 2023, bien que ses employés soient fortement encouragés à travailler dès qu'ils ont accès à une connexion wifi.
D'autres entreprises françaises semblent également être attirées par le TTR et pourraient bientôt adopter cet aménagement, parmi lesquelles Baywa R.e. à Bordeaux, iAdvize, Railee, Atos, RIVP, Leyton, ainsi que La Fresque du Climat.
Une économie de 444 kilos de CO2 par trajet
En Europe, la Grande-Bretagne a été pionnière avec le lancement en 2020, par la fondation 10:10, du programme Climate Perks, qui ressemble aux jours de temps de transport responsable. À ce jour, 128 organisations, dont des cabinets d'avocats, des agences d'architectes, des groupes de conseil, des associations ont adopté ce congé à travers le monde. Selon les chiffres de l’organisation, chaque trajet effectué avec Climate Perks permettent d’économiser 444 kilos de CO2.
Chez Ubiq, cette initiative a permis de réduire de cinquante le nombre de trajets en avion, un chiffre qui, bien que modeste, témoigne d'un engagement vers une mobilité plus durable. Prenons l'exemple d'un trajet de 1000 kilomètres, représentant la distance entre Paris et Barcelone: l'avion, qui parcourt ce trajet en 1h40, émet 178 kg de CO2 par passager, tandis que le TGV, qui met 6h30, n'en émet que 2,4 kg. Un écart qui, selon le dirigeant de l'entreprise française, souligne l'impact environnemental considérable des différents modes de transport. Et de nourrir l'espoir que cette démarche serve d'inspiration à de nouvelles organisations.