BFM Business
Entreprises

Le géant français du luxe Kering prêt à accueillir le Qatar à son capital

placeholder video
Le groupe de luxe pourra prendre le contrôle de Valentino à partir de l’année prochaine. En échange, il pourrait offrir une place de grand actionnaire au Qatar, propriétaire de la marque italienne.

La famille Pinault est prête à accueillir un nouvel actionnaire à ses côtés. C'est un sujet important qui circulera ce jeudi 24 avril lors de l'assemblée générale. Son groupe Kering va pouvoir prendre le contrôle de Valentino à partir de l’année prochaine. Il a racheté 30% de son capital en 2023 pour 1,7 milliard d’euros en cash à son propriétaire Mayhoola, une société d’investissement détenue par l’Etat du Qatar.

Leur accord prévoit qu’entre mai 2026 et août 2028, le groupe de luxe rachètera le solde de 70% pour 4 milliards d’euros. Il y a deux ans, il a proposé au Qatar de lui verser une partie de cette somme en actions pour réduire sa sortie de cash. A l’époque, Kering avait prévu de lui offrir trois millions d’actions, soit 2,5% du capital pour une valeur d’environ 1,5 milliard d’euros. L’objectif était de ne débourser que 2,5 milliards d’euros de trésorerie.

Un milliard d'euros de cash en plus

Mais depuis l’été 2023, le cours de Bourse de Kering a été divisé par trois à cause de la crise dans le secteur du luxe et des difficultés de sa marque phare, Gucci. Son action est passée de 540 à 177 euros en moins de deux ans et celles que le groupe prévoit de verser au Qatar ne valent plus que 530 millions d’euros. L’équation financière de départ ne tient plus: Kering devrait débourser 1 milliard d’euros de cash de plus que prévu.

Une facture d’autant plus lourde au vu des performances du groupe. Ses résultats ont chuté de 57% à 1,3 milliard d’euros en 2024. De son côté, Valentino a vu ses marges plonger de 22% à 246 millions d’euros en 2024.

Pour éviter de sortir ce milliard d’euros supplémentaire, Kering pourrait doubler le nombre d’actions octroyées à Mayhoola. Le fonds qatari deviendrait ainsi son deuxième actionnaire, à hauteur de 5%, aux côtés de la famille Pinault qui détient 42%. Un scénario qui n’est pas officiellement sur la table mais chacun y songe.

"Si le Qatar veut être un plus gros actionnaire, ça ne poserait pas de problème à Kering", explique un bon connaisseur du groupe.

Contactée, la direction n’a pas souhaité commenter et renvoie aux accords signés à l’été 2023.

Une présence au conseil d'administration?

Jusqu’ici, le Qatar avait de grandes ambitions avec Kering, en s’appuyant sur la vente de la marque italienne. Il souhaitait devenir un actionnaire stratégique du groupe français pour multiplier des opérations dans le luxe. Il visait aussi le développement avec Kering de parfums pour ses marques italiennes Balmain ou Pal Zileri et des transactions immobilières.

"Mayhoola a accepté de vendre Valentino dans la perspective d’un grand accord stratégique visant à s’adosser à Kering", assure une source proche de l’opération.

Selon nos informations, le fonds du Qatar avait même acheté un petit paquet d’actions sur le marché pour entamer son entrée au capital. Et visait un siège au conseil d’administration de Kering. Ce scénario était en tout cas, accepté par le groupe français. "Ce n’est pas d’actualité vu que Mayhoola n’est pas un actionnaire significatif mais le groupe n’a pas d’opposition de principe", assure une source proche.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business