BFM Business
Entreprises

La crainte d'un Fnac-Darty qui passe sous pavillon chinois: Bercy lance un examen sur le rachat potentiel du 2ème actionnaire du groupe français

placeholder video
Le groupe chinois JD.com projette de racheter le distributeur allemand Ceconomy, par ailleurs deuxième actionnaire du groupe français Fnac-Darty.

Bercy s'interroge sur le projet de rachat chinois d'un important actionnaire du groupe Fnac-Darty. Le ministère de l'Économie va examiner le projet de rachat, par le géant de l'e-commerce chinois JD.com, du distributeur allemand Ceconomy, deuxième actionnaire du groupe tricolore Fnac Darty, a indiqué vendredi le ministère à l'AFP, confirmant une information des Échos.

Fin juillet, JD.com, soucieux de renforcer sa présence en Europe, a annoncé avoir signé un accord pour l'acquisition, pour quelque 2,2 milliards d'euros, de Ceconomy, maison mère de deux grands détaillants d'électronique, MediaMarkt et Saturn (plus de 1.000 magasins en Europe). Or le géant allemand détient près de 22% du capital de Fnac Darty, spécialiste du matériel électroménager, électronique et des produits culturels, ce qui en fait son deuxième actionnaire principal, derrière le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (plus de 28% via sa société Vesa Equity Investment).

French Tech : Fnac Darty, un plan stratégique pour 2030 - 13/06
French Tech : Fnac Darty, un plan stratégique pour 2030 - 13/06
8:31

En France, dans certains secteurs stratégiques (défense, énergie, technologie, etc.), la direction générale du Trésor peut contrôler les investissements étrangers pour autant que l'investisseur ne soit pas européen et franchisse le seuil de 10% des droits de vote d'une société cotée. Fin août, JD.com a sollicité l'accord rapide de Bercy - d'ici au 10 septembre - pour sa montée indirecte au capital de Fnac Darty, même si rien ne l'y obligeait a priori, le groupe français ne recouvrant pas d'activités sensibles.

Acteur de l'e-commerce

La réponse est venue mercredi soir de la direction du Trésor, qui a notifié JD.com d'une "demande d'autorisation préalable" afin d'obtenir des "renseignements" sur sa "stratégie", explique-t-on à Bercy. JD.com est un acteur de l'e-commerce, alors que Fnac Darty possède des points de vente physiques (1.500 magasins dans le monde, 30.000 salariés), souligne le ministère, qui s'interroge notamment sur la politique de gestion d'actifs du géant chinois et de possibles cessions.

JD.com va donc devoir répondre à Bercy, qui disposera ensuite de 30 jours pour examiner son dossier, et éventuellement demander davantage de précisions, ce qui ferait courir un nouveau délai de 45 jours. À l'issue de la procédure, Bercy pourra donner son feu vert, accepter l'opération sous conditions (comme récemment lors du passage du Doliprane sous pavillon américain) ou s'y opposer.

En 2021, la France avait bloqué la tentative de rapprochement proposé par le distributeur canadien Couche-Tard au fleuron tricolore Carrefour, au nom de la souveraineté alimentaire. Outre-Rhin, le gouvernement allemand examine également le projet d'acquisition de Ceconomy, estimant qu'il pourrait représenter une menace pour le pays.

Sollicité par l'AFP, Fnac Darty n'a pas commenté.

J. Br. avec AFP