Médicaments, électronique, agroalimentaire… où en est la relocalisation industrielle en France?

C'est le cheval de bataille du gouvernement depuis la pandémie du covid: relocaliser certaines activités industrielles sensibles afin de réduire notre dépendance à la Chine. On pense évidemment aux médicaments (avec la pénurie de Doliprane), à l'électronique avec les puces ou encore à l'agroalimentaire. Objectif: retrouver notre souveraineté industrielle.
Peux-t-on faire un premier bilan de cette politique? PwC s'est penché sur la période 2020-2023 en analysant 58 familles de produits qui, il y a trois ans, ont été identifiés comme "propices et prioritaires" pour une relocalisation (20 dans la santé, 13 dans l'agroalimentaire et l'électronique et 12 dans les Industries de process et d’assemblage). Soit un total de 115 milliards d'euros d'importations ayant le potentiel pour revenir sur notre territoire, sur les 342 milliards étudiées.
47 milliards d'euros d'investissements sur 3 ans
Globalement, le mouvement semble enclenché puisque "33 catégories sur les 58 catégories de produits propices et prioritaires ont fait l’objet d’actions de relocalisation réparties de manière homogène par secteur d’activité", souligne le cabinet d'audit. Au total, ces relocalisations représentent 47,1 milliards d'euros d'investissements et 48.000 emplois.
Les exemples de relocalisations sont en effet aujourd'hui nombreux. Dans le domaine très sensible de la santé-pharmaceutique, PwC cite par exemple l'implantation en France du centre d'excellence Sanofi dédié à l'ARN messager et au développement d’une nouvelle génération de vaccins ou encore celle de l'usine Seqens pour le paracétamol, le principe actif du Doliprane.
"Des projets sont impulsés aussi bien par les majors pharmaceutiques que par des start-ups européennes, américaines et israéliennes", souligne PwC.
Au total dans ce secteur, le cabinet a identifié 6,6 milliards d'euros d'investissements sur trois ans autour de 13 projets débouchant sur la création de 3400 emplois. Et de rappeler que 40% des médicaments commercialisés dans l’Union européenne proviennent encore de pays tiers et 80% des fabricants de substances actives utilisées pour des médicaments vendus en Europe sont implantés hors de l’UE.
L'électronique génère le plus d'investissements
Dans l'agro-alimentaire, il s'agit également d'accélérer les relocalisations. "L’Europe figure au 3ème rang des plus grands importateurs de produits agroalimentaires, après les États-Unis et la Chine", rappelle PwC.
"Avec 5% des parts de marché dans le commerce mondial, la France est aujourd’hui le 6ème exportateur agroalimentaire mondial derrière les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Brésil et la Chine", souligne l'étude.
26 entreprises dont LDC, Lactalis ou Danone ont annoncé des projets de relocalisation ou de renforcement de leurs unités de production installées en France, pour un total de 3,6 milliards d'euros et 4300 emplois potentiels.
Mais c'est dans l'électronique que les investissements sont les plus massifs. "La relocalisation de la production de semi-conducteurs en Europe est devenue un enjeu majeur en raison de la dépendance à l'égard des importations et des pénuries mondiales récentes. Encouragés par l’European Chips Act de 2021, certains pays cherchent à renforcer leurs capacités de production et de recherche", souligne le cabinet.
PwC cite évidemment la nouvelle usine STMicro (avec l'américain Global Foundries) à Grenoble pour produire des semi-conducteurs qui implique une dépense de 5,7 milliards d'euros. Sans oublier les giga-factories de batteries automobiles des groupes ProLogium, Stellantis, Verkor, Envision, Bolloré, etc.
Au total, 34 entreprises ont entrepris des projets de relocalisation dans ce secteur pour un montant total de 33 milliards d'euros, avec un potentiel de 37.700 emplois.