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Emmanuel Macron promet de "diviser par deux les délais" pour une implantation industrielle en France

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Dans un long entretien à Challenges, le président de la République affiche sa volonté d'"accélérer" sur la réindustrialisation qu'il considère comme la "mère des batailles".

Emmanuel Macron a annoncé la prochaine mise en place de "procédures hypersimplifiées" pour "diviser par deux les délais" d'une nouvelle implantation industrielle en France, dans un entretien mis en ligne ce mercredi par l'hebdomadaire Challenges.

Le chef de l'État, qui doit dévoiler jeudi sa stratégie pour "accélérer" la "réindustrialisation" du pays, entend pour cela "réinvestir davantage dans les sites clés en main, renforcer l'utilisation de friches industrielles, afin aussi de réconcilier industrialisation et non-artificialisation" des sols.

"La priorité des grands investisseurs, qu'il s'agisse de data center, d'usines d'automobiles ou de grandes usines de batteries, d'Américains, d'Asiatiques ou d'Européens, c'est la rapidité. Vous pouvez leur proposer des milliards d'aides, si vous mettez deux ans à instruire une procédure et que ce sont des mètres cubes de papier, l'échec est assuré", a-t-il estimé. "J'en appelle à un agenda de simplification et d'accélération de nos procédures, en mobilisant tous les acteurs qui participent à ces décisions", a-t-il ajouté. "La clé, c'est la simplicité et la rapidité", "surtout face à la Chine et aux Etats-Unis".

"Mère des batailles"

Le président Macron ouvre, par cet entretien et la réunion de jeudi à l'Elysée, une longue séquence économique qui s'inscrit dans sa tentative de relancer son quinquennat après la crise dee la réforme des retraites. Et il met pour cela l'accent sur la réindustrialisation du pays, décrite comme "la mère des batailles" - après s'être attelé aux retraites, longtemps présentées en Macronie comme "la mère de toutes les réformes".

"Réindustrialiser, c'est créer du pouvoir d'achat, financer notre modèle social, construire un avenir pour nos enfants, attirer l'innovation et les talents de tous les secteurs, réduire le déficit du commerce extérieur.

Et puis, bien sûr, stopper le décrochage de cette France des territoires", a-t-il plaidé dans Challenges. "Si on ne gagne pas la bataille de l'industrialisation, on ne pourra pas gagner celle du plein emploi, redonner des perspectives et des projets aux territoires et donc cimenter à nouveau notre unité nationale", a-t-il insisté.

"Quand on taxe le capital, le capital… fuit"

Emmanuel Macron vante longuement le bilan de sa politique économique des six dernières années: "Depuis six ans, nous avons créé 1,7 million d'emplois, avec plus de 300 créations nettes d'usines depuis 2017", a-t-il fait valoir. Si cette "dynamique" se maintient, "nous aurons rattrapé d'ici la fin du quinquennat le choc de désindustrialisation dû à la crise de 2008 en recréant autant d'usines et d'emplois".

"Ces résultats sont le fruit d’une politique économique cohérente. On entend souvent: 'Réindustrialisons le pays, mais il faut taxer les riches!' Mais quand on taxe le capital, le capital… fuit. C’est l’incohérence française! Pendant des décennies, il y a donc eu de l’incohérence et de la lâcheté. Depuis six ans, nous essayons d’avoir une politique cohérente. Et des résultats", ajoute-t-il.

Le chef de l'Etat affirme au passage que la France a été en 2022 "pour la quatrième année consécutive" le "premier pays d'Europe en nombre de décisions d'investissements étrangers". Jeudi, il doit préciser sa stratégie et notamment les grands axes du projet de loi "industrie verte" qui sera présenté mardi en Conseil des ministres. Il vise à décliner les aides censées permettre de tenir la compétition face à la politique industrielle ambitieuse des Etats-Unis.

Il ira ensuite à Dunkerque, dans le Nord, pour des annonces sur une nouvelle implantation d'usine de batteries de véhicules électriques. Et lundi, il accueillera à Versailles la sixième édition du sommet "Choose France" pour attirer les investissements étrangers.

"On aurait dû plus expliquer la réforme des retraites"

Plus largement, Emmanuel Macron assume de vouloir continuer de réformer "vite et fort", comme il l'a fait avec les retraites, même s'il estime "qu'on aurait dû plus expliquer la nécessité de cette réforme".

Pour lui, "on ne peut pas être le pays qui a le modèle social le plus généreux, les déficits courants les plus importants, un pays qui désindustrailisé et qui choisit d'être celui où on travaille moins longtemps en Europe. Celui où on part plus tôt à la retraite et où on travaille moins d’heures par an. Ceux qui disent le contraire sont dans le déni de réalité, c’est d’ailleurs leur terreau".

P.L. avec AFP