Les ONG sont en colère mais les constructeurs rassurés, l'UE allège définitivement les règles d'émissions de CO2 sur l'automobile

Cet allègement avait été proposé par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, pour soutenir l'industrie automobile européenne. (Photo d'illustration) - FREDERICK FLORIN / AFP
Les industriels ont obtenu gain de cause. Les Etats membres de l'Union européenne ont définitivement validé, ce mardi 27 mai, un assouplissement des règles imposées aux constructeurs automobiles en matière d'émissions de CO2, afin de leur éviter des amendes en 2025.
Cette mesure avait été proposée par la Commission européenne pour soutenir cette industrie en crise et adoptée par le Parlement européen début mai à une très large majorité (458 voix pour, 101 contre et 14 abstentions).
Cet allègement permet aux constructeurs, en retard sur leurs objectifs et de plus en plus mis sous pression par leurs concurrents chinois, d'obtenir un délai et d'éviter des pénalités à l'échéance du 31 décembre 2025.
Les constructeurs satisfaits
Les règles actuelles fixent des objectifs annuels pour réduire les émissions moyennes de CO2 des véhicules neufs dans l'ensemble du parc automobile européen.
Concrètement, au lieu de calculer les moyennes des émissions de CO2 d'un fabricant sur une seule année, cela se fera finalement sur trois ans.
Cet assouplissement était réclamé depuis plusieurs mois par les industriels, et en particulier par Luca de Meo, le patron de Renault. Mais il est critiqué par les ONG, qui leur reprochent de traîner les pieds au moment de basculer vers la voiture électrique.
"Cette concession faite à l’industrie automobile doit être la dernière. La Commission doit rester ferme sur les objectifs 2030 et 2035. Ralentir l’électrification en Europe ne peut en aucun cas être une réponse adéquate pour rester dans la course face à la Chine", réagissait Diane Strauss, directrice de l'ONG Transport et Environnement France au début du mois.
Le Pacte vert remis en cause
Depuis les élections européennes de juin 2024, marquées par une progression de l'extrême droite et un recul des Verts, des mesures climatiques adoptées dans le cadre du Pacte vert lors de la mandature précédente sont peu à peu remises en cause, au nom de la compétitivité de l'économie.
Le prochain rendez vous devrait avoir lieu à la fin de l'année, avec l'examen au niveau européen d'une clause de revoyure sur l'interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035.
Un "plan d'action" plus vaste a été dévoilé par la Commission au début du mois pour soutenir l'industrie automobile et ses 13 millions de salariés en Europe. La Commission a notamment annoncé mettre à disposition "1,8 milliard d'euros pour créer une chaîne d'approvisionnement sûre et compétitive pour les matières premières utilisées dans la fabrication des batteries" électriques.