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INFO BFM BUSINESS. Bpifrance va participer au rachat du Doliprane

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Les fonds Français PAI et Américain CD&R remettent aujourd’hui leurs offres de rachat pour Opella, la filiale vendue par Sanofi. La bataille est féroce dans ce dossier extrêmement sensible politiquement. Bpifrance se prépare à participer à l’opération.

La vente du Doliprane est LE dossier industriel sensible de cette rentrée. Son propriétaire, Sanofi, est en train de vendre Opella, sa filiale de médicaments sans ordonnance. Une centaine de marques partout dans le monde, qui réalisent 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 1,2 milliard d’euros de marges. Dont une qui rend ce dossier très sensible: Doliprane. L’anti-douleur réalise seulement 8% du chiffre d’affaires, mais dispose de deux usines en France pour un peu moins de 1.000 emplois.

Le gouvernement est vigilant à leur maintien alors que Sanofi a investi 20 millions d’euros pour moderniser l’usine de Lisieux. Il souhaite que Bpifrance participe à l’opération pour garantir les emplois et l’empreinte industrielle du Doliprane, sujet sensible depuis le Covid.

Selon plusieurs sources, la BPI a déjà pris contact avec les deux candidats; les fonds PAI et CD&R. Elle envisagerait d’investir environ 150 millions d’euros dans Opella, mais dans un second temps, lorsque Sanofi aura choisi le repreneur.

Son directeur général, Nicolas Dufourcq, a confirmé ce matin sur BFM Business: "on se prépare à se mettre avec celui qui sera retenu par Sanofi".

Les deux candidats encore en lice, les fonds PAI et CD&R, remettent aujourd’hui leurs offres de rachat. Sanofi les étudiera jeudi lors de son conseil d’administration mais "aucune décision n’est prise" nous assure le groupe qui devrait prendre quelques semaines pour trancher.

Avantage pour le plus riche

L’Américain Clayton, Dubilier & Rice (CD&R) est en pole position alors qu’il est le plus riche. Son fonds de 26 milliards d’euros est quatre fois plus gros que celui du rival Français, PAI, de 7 milliards d’euros. "CD&R a une petite avance, reconnait un proche de Sanofi. Mais il n’est pas favori pour autant". Le groupe pharmaceutique veut tenir les enchères jusqu’au bout.

Conscient de son "handicap" d’être américain, le fonds multiplie les gestes d’ouverture. Il laisse à Sanofi le choix de conserver 40%, 45% ou 49% d’Opella à ses côtés. Il est aussi prêt à discuter des droits de gouvernance que le groupe pharmaceutique gardera au conseil d’administration. "CD&R s’adaptera" explique une source proche du fonds. Il rappelle avoir investi dans plusieurs entreprises françaises comme But, Spie ou Rexel.

"Avec des réductions de coûts massives à la clé!", s’emporte un proche du rival PAI qui joue la carte française. Le fonds va encore plus loin pour séduire Sanofi. Il propose une sorte de "joint-venture" dont il détiendrait 51 %-49 % pour que le groupe français "récupère le maximum de valeur" lors de la revente d’Opella. Il met en avant le succès de sa coentreprise Froneri qu’il opère avec Nestlé dans les produits surgelés. Pas besoin d’aller jusque-là pour Sanofi dont un proche assure que le groupe "n’a pas l’intention de cogérer Opella". Tout juste demandera-t-il des sièges au conseil d’administration, assortis de droits de gouvernance, pour peser sur les décisions stratégiques.

Des fonds souverains du Golfe et de Singapour

La bataille fait rage sur la dimension financière de l’opération. La vente d’Opella, autour de 15 milliards d’euros, nécessitera que le repreneur apporte environ 7 à 8 milliards d’euros dont la moitié sera empruntée aux banques. Un investissement important qui avantage le fonds américain.

"CD&R a tous ses financements et pourra investir seul" assure un proche du fonds. Une pique envoyée à PAI qui fera appel à des fonds souverains des Emirats et de Singapour, selon plusieurs sources. "Ils sont bien connus de BPI France" tente de rassurer l’entourage du fonds Français. Le fonds d’Abu Dhabi Mubadala, du Qatar et le singapourien Temasek ont réalisé plusieurs investissements avec la Banque publique d’investissement. Elle sera au centre du jeu pour la reprise du Doliprane.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business