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Le bras de fer est enclenché pour la vente de Biogaran

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L’offre de rachat soutenue par Bpifrance n’est pas la meilleure financièrement. Le propriétaire Servier discute avec un groupe indien pour faire monter les enchères.

La bataille pour le rachat de Biogaran a commencé. Le laboratoire de médicaments génériques est en plein processus de vente par son propriétaire Servier. Des premières offres lui ont été remises mi-juin, juste après la dissolution de l’Assemblée nationale. Le calendrier de cette opération se télescope avec un improbable timing politique alors que le gouvernement surveille de près ce dossier.

Ces derniers jours, des tensions sont apparues entre le favori au rachat et Servier. Le fonds d’investissement britannique BC Partners semblait jusqu'ici le mieux placé alors qu’il s'est associé à Bpifrance pour "franciser" son offre. Le ministère de l’Économie est attentif à maintenir les 8.600 emplois directs et indirects qui dépendent de Biogaran en France. Mais en coulisses, le ton est différent.

"Nous ne discutons pas avec Servier, s’agace un proche de BC Partners. Nous n’avons même pas eu de retour sur le prix que nous avons proposé."

Et pour cause, c’est bien ce qui semble coincer. Sûr de sa position, le fonds d’investissement n’a pas formulé une offre très élevée. Selon nos informations, elle serait comprise entre 500 et 700 millions d’euros, là où la meilleure offre atteint environ 800 millions d’euros. Pour rappel, Biogaran réalise 750 millions d’euros de chiffre d’affaires. Cette deuxième offre provient du groupe pharmaceutique indien Aurobindo.

"Nous sommes prêts à discuter avec tout le monde, assure un proche de Servier. Tant qu’il y a une bonne offre…"

Le laboratoire fait donc monter les enchères pour que BC Partners et Bpifrance améliorent leur prix.

Embarras du gouvernement

Le fonds d’investissement mise de son côté sur la pression politique autour de la vente de Biogaran. "Personne n’acceptera de vendre à un Indien", veut croire un bon connaisseur du dossier. À Bercy, on sent bien l’embarras du gouvernement face à la candidature d’Aurobindo.

"Si un acteur étranger souhaitait acheter Biogaran, des conditions drastiques de maintien de l’outil industriel sur le territoire national seraient mises en place", assure le cabinet du ministre démissionnaire délégué à l’Industrie, Roland Lescure.

Les acteurs du dossier s’interrogent sur le rôle de Bpifrance. Pourrait-elle changer de partenaire si Aurobindo était choisi par Servier? "Impossible, il y a une exclusivité avec BC Partners", assure une source. Contacté, Bpifrance ne fait "aucun commentaire". Mais sur d’autres dossiers comme le rachat d’Equans il y a deux ans, son patron Nicolas Dufourcq avait choisi le français Spie et refusé de rejoindre un autre candidat étranger, le fonds américain Bain Capital.

Au milieu de ces deux candidats, Servier temporise. Son entourage assure que le groupe "prend son temps" et qu’il n’y a "aucune discussion exclusive". Autrement dit, les jeux restent ouverts pour que BC Partners et Bpifrance revienne dans la course. Mais il faudra y mettre le prix.

Matthieu Pechberty Journaliste BFM Business