La pénurie de dioxyde de carbone qui touche le Royaume-Uni va-t-elle frapper la France?

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Et si le Royaume-Uni manquait de dinde et de boissons gazeuses à Noël? C’est la menace qui plane outre-Manche alors que l’industrie agroalimentaire britannique alerte sur une pénurie de dioxyde de carbone, élément indispensable à la production de médicaments, de sodas, mais aussi à la conservation de viande.
En cause, la flambée des prix du gaz naturel qui a entraîné chez nos voisins la fermeture de deux usines d’engrais appartenant au groupe américain CF Industries, qui produisent 60% du CO2 au Royaume-Uni.
Si un accord a été conclu mardi soir avec le gouvernement pour redémarrer la production de dioxyde de carbone, celui-ci coûtera "plusieurs millions" de livres aux contribuables, a prévenu le ministre de l’Environnement britannique, George Eustice, ajoutant qu’il y aurait quoi qu’il arrive une forte augmentation du coût du CO2, passant probablement d’environ 200 livres la tonne à près de 1000 livres la tonne.
La France bientôt touchée?
L’envolée des prix du gaz ne concerne pas que le Royaume-Uni. L’Europe entière est touchée alors que la réouverture des économies après les confinements a conduit à une explosion de la demande en Asie. Si bien que les stocks manquent sur le Vieux continent.
Dans ces conditions, la France peut-elle à son tour être touchée par une pénurie de CO2? Contactée, l’Association nationale des Industries Alimentaires (ANIA) indique pour l’heure ne pas avoir reçu d’alerte de ses adhérents sur des pénuries ou tensions d’approvisionnement en CO2. Un constat partagé à ce stade par les industriels français spécialisés dans les gaz industriels.
L’un d’entre eux estime que la situation observée au Royaume-Uni s’explique avant tout par son insularité. Pour autant, il n’exclut pas des difficultés d’approvisionnement en CO2 dans les mois qui viennent. Et c’est d’ailleurs l’alerte lancée ce mercredi dans le Financial Times par Nippon Gases, industriel fournisseur de la Scandinavie et de plusieurs pays d’Europe occidentale, dont la France, l’Allemagne et la Suède.
"D’autres pays en Europe vont souffrir de pénuries" de CO2 estime l’entreprise, précisant que les centrales nucléaires, les industries de production de viande et de matériels médicaux seront les plus affectées. "La production d'ammoniac avec les prix actuels du gaz naturel (...) n'est tout simplement pas rentable en Europe", détaille Svein Tore Holsether, directeur général de Nippon Gases.
Et la situation n'est visiblement pas près de s'améliorer. Selon Nippon Gases, les marchés du gaz et de l'électricité devraient rester tendus au moins jusqu'au printemps 2022.