La Caisse des Dépôts prête à puiser dans les livrets A des Français pour financer le nucléaire

Face aux investissements massifs à consentir pour financer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, le gouvernement pourrait flécher une partie des centaines de milliards d'euros d'épargne déposés par les Français sur leur Livret A vers ces chantiers stratégiques.
Invité de Good Morning Business, Éric Lombard, Directeur général du bras financier de l'Etat confirme cette possibilité.
"Si le Parlement confirme cette proposition du président de la République de construire six nouveaux EPR, il serait logique que l'épargne abondante des Français vienne financer les nouvelles centrales".
Epargne "abondante"
Et d'expliquer: "Six centrales, ça coûte 60 milliards d'euros, il y aura une partie en fonds propres, une partie en dette émise sur les marchés, les fonds d'épargne peuvent tout à fait financer une partie de ce programme qui va durer 10 ans".
Cet investissement qui pourrait être massif "ne se fera pas au détriment du logement social qui est notre première priorité car l'épargne des Français est abondante, ça ne se fera pas au détriment de la politique de la ville" souligne Éric Lombard.
55 millions de Français possèdent en effet un Livret A pour une épargne totale de plus de 375 milliards d'euros à la fin de l'année 2022, selon les chiffres de l'institution.
"C'est une épargne que nous pouvons investir à très long terme" ajoute le responsable. "On fait aujourd'hui des prêts à 80 ans sur le foncier, pourquoi pas des prêts à 70 ans pour la construction des centrales. Le sujet est sur la place, le Parlement va décider et si EDF et le gouvernement le souhaitent, on mettra en oeuvre" explique Éric Lombard.
Dans le cadre de la feuille de route dévoilée par le président Emmanuel Macron il y a un an, la France ambitionne de construire six réacteurs de nouvelle génération EPR2, avec une option pour huit supplémentaires.
Selon EDF, le coût de construction des six nouveaux EPR2 est estimé à 51,7 milliards d'euros (hors coûts de financement), plus 4,6 milliards en cas de difficulté de mise en oeuvre.