L'allemand Südzucker maintient sa décision de fermer deux sucreries en France

L'industriel Saint-Louis Sucre, filiale depuis 2001 de Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu'une réorganisation, soit 130 suppressions d'emplois. - Charly Triballeau - AFP
"Les Allemands sont droits dans leurs bottes, ils nous félicitent pour notre implication mais maintiennent leur refus de vendre à des repreneurs", a déclaré à l'AFP Loïc Touzé, délégué FO de l'usine de Cagny après l'annonce du groupe de maintenir sa décision de fermer deux sites en France. "C'est la politique de la terre brûlée, ils nous ont achetés il y a 15 ans, ils ont tout pompé et maintenant, ils veulent fermer et nous empêcher de continuer à travailler ou à produire", fustige le syndicaliste.
Pour tenter de faire changer d'avis le groupe allemand, environ 250 manifestants, dont 170 planteurs français, se sont rendus par bus mardi matin à Mannheim, à l'ouest de l'Allemagne, au siège de Südzucker, où ils ont été accueillis avec "un café et une soupe de bienvenue".
"Nous sommes là aujourd'hui pour poser les préalables pour entrer en négociation", a déclaré le président des betteraviers français (CGB), Franck Sander, qui a évoqué une réunion prévue le 22 mars à Strasbourg dans un communiqué de l'association. L'industriel Saint-Louis Sucre, filiale depuis 2001 de Südzucker, a annoncé le 14 février la fermeture de deux de ses quatre sucreries en France en 2020 ainsi qu'une vaste réorganisation pour faire face à une baisse des cours du sucre, ce qui se traduirait par 130 suppressions d'emplois.
Les sites de Cagny (Calvados), Eppeville (Somme) et Marseille sont visés. Selon les syndicats, en maintenant symboliquement une poignée de salariés sur ces sites, le groupe allemand empêche le déclenchement d'un processus de recherche de repreneurs.
La filière betteraves est "viable" pour le ministre
"Le problème est que personne n'est convaincu de la justification économique de leur projet de fermeture. Nous comptons maintenant sur le gouvernement pour réussir à tordre le bras aux Allemands", ajoute la députée socialiste du Calvados, Laurence Dumont. Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, avait jugé la semaine dernière "inacceptable" la décision "unilatérale" de l'industriel allemand de fermer ces deux sucreries.
Sollicité par l'AFP, le groupe n'a pas souhaité révéler quoi que ce soit sur la teneur des discussions de mardi. Ses dirigeants sont attendus mercredi matin au ministère français de l'Agriculture pour une réunion de crise, en présence de représentants des ministères de l'Économie et du Travail.
"La filière betteraves est en jeu", a déclaré un peu plus tard Didier Guillaume à l'Assemblée nationale, lors d'une séance de questions au gouvernement, confirmant qu'il recevrait mercredi les dirigeants du premier groupe sucrier mondial. "Ce que nous devons mettre en place, c'est quelque chose pour reprendre de la force dans cette filière", a précisé le ministre de l'Agriculture avant de rappeler le contexte très lourd du secteur, affecté par une chute historique et persistante des cours du sucre, sur fond de surproduction mondiale.
Invoquant la nécessité de trouver une "stratégie", Didier Guillaume a assuré que "personne ne sera oublié" et que la filière betterave est "viable et n'est pas mise en cause".