Bruno Le Maire tacle PSA et Renault qui produisent au Maroc, en Slovénie et en Turquie

- - ERIC PIERMONT / AFP
"Ce modèle de développement est un échec". Ce lundi, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire n’a pas mâché ses mots sur la stratégie de Renault et PSA. Devant l’ensemble des professionnels de la filière automobile, Bruno Le Maire a tancé les deux groupes français qui ne produisent plus en France leurs best-sellers, la Peugeot 208 et la Renault Clio. La première est fabriquée dans l’usine de Kenitra au Maroc et en Slovénie, à Trnava. La seconde est assemblée à Bursa, en Turquie.
"Je redis à quel point le modèle sur lequel nous avons avancé depuis 20 ans est un modèle obsolète. Délocaliser, perdre des emplois, réimporter du CO2, c'est fini et je ne donnerai plus mon blanc-seing à ce type de construction industrielle qui est mauvaise pour notre industrie et mauvaise pour les Français. Je ne vois pas pourquoi les contribuables français paieraient pour des aides qui ensuite se traduisent par des délocalisations et des réimportations de CO2", a lancé le ministre.
Les constructeurs justifient en partie cette politique pour des raisons de coûts de production. Bruno Le Maire conclut sévèrement: "Cela n'a aucun sens".
Une mission pour évaluer d'éventuelles relocalisations
Pour trouver un modèle alternatif, Bruno Le Maire lance un comité piloté par Hervé Guyot, "la mission d'évaluer dans les mois qui viennent avec les constructeurs les conditions pour maintenir et relocaliser l'activité en France (...) et améliorer les relations entre donneurs d'ordre et sous-traitants". Les premières conclusions devront être rendues en début d’année prochaine. "C'est un autre modèle qu'il faut construire, celui de la compétitivité de l'industrie automobile française et de la relocalisation de notre industrie sur le territoire français", a expliqué le ministre.
Le but est surtout de passer l’an prochain, d’aider les sous-traitants, touchés par cette baisse de production sur les best-sellers des deux marques, des baisses de production qui ne sont pas compensées par celles des modèles électriques par exemple. Reste à savoir si l’Etat actionnaire des deux groupes pourra influer durablement sur une relocalisation. Début août, Les Echos annonçaient que seulement 1,7 million de voitures seront produits dans l’Hexagone l’an prochain soit 22% de moins que cette année.