Automobile: ces usines françaises menacées par la "crise" du diesel

Spécialisée dans la production de bougies et systèmes d'injection à destination de véhicules diesel, l'usine Bosch de Rodez (Aveyron) emploie environ 1500 salariés. - José A.Torres-AFP
Comment éviter l'hécatombe parmi les usines travaillant sur les motorisations diesel dont les constructeurs français s'étaient fait une spécialité. Réunie à Bercy sous la houlette du gouvernement, la filière automobile veut notamment élaborer "un plan concerté" pour accompagner la décroissance continue de la part des véhicules diesel dans les immatriculations de voitures neuves, tombée à 36% contre encore le double au début de la décennie.
Selon l'Observatoire de la métallurgie (cf infographie ci-dessous), qui a publié fin 2018 une étude prospective des impacts sur l'emploi et les compétences des mutations de la construction automobile, six établissements sont en "crise avérée à traiter en urgence" représentant 1766 équivalents temps plein et 27 autres sont "très fragilisés", à l'aube d'une "menace grave et imminente" (3769 équivalents temps plein).
À son apogée en 2012, le diesel représentait les trois-quarts du marché français avec un tissu industriel riche de nombreux sous-traitants et autres équipementiers spécialisées dans le pièces pour moteur diesel. Ce sont eux qui sont aujourd'hui le plus fragilisés. Voici une liste de quelques sites industriels dont l'activité est d'ores et déjà menacée.
L'usine Fonderie du Poitou Fonte (FPF) et celle de la société Saint-Jean Industries
Toutes deux situées côte à côte à Ingrandes (Vienne), elles pâtissent du recul du diesel. La première avec ses 408 emplois, fabrique des blocs moteurs. Placée en redressement judiciaire le 12 février 2019. FPF est confrontée depuis six mois "à une baisse drastique de ses commandes et donc de sa production". Le sous-traitant impute cette baisse d'une part à la fin annoncée du diesel, qui a fait chuter de "plus de 40%" ses commandes de blocs moteurs au second semestre 2018, alors que 70% de sa production est destinée au diesel.
Située juste à côté, l'usine mitoyenne Saint-Jean-Industries (ex-Fonderies du Poitou Alu) spécialisée dans les joints de culasse est elle-même en redressement judiciaire depuis novembre 2018 avec près de 350 emplois. Trois offres de reprise se sont présentées pour les deux sites industriels jumeaux: celle du groupe anglo-indien Liberty House, celle de la société allemande, Schrüfer qui reprendrait 310 salariés en CDI sur un total de 750 postes sur les deux usines et l'offre de la société américaine Sekco qui détient notamment la fonderie de Niederbronn, en Alsace. Sekto est prêt à reprendre 335 salariés sur les quelque 400 de FPF et 244 sur les quelque 330 employés par St-Jean-Industries Alu.

L'usine Bosch de Rodez (Aveyron)
Cette usine s'est spécialisée dans la production de bougies et systèmes d'injection à destination de véhicules diesel. Les 1500 salariés du site craignent pour leurs emplois malgré un plan de modernisation du site. Les syndicats de Bosch, exceptée la CGT, et la direction ont signé en juillet 2018 "un accord de transition" visant à préserver les emplois sur le site.
En contrepartie de mesures sur le temps de travail et l'activité, la direction s'est engagée à investir 14 millions d'euros pour moderniser une de ses deux lignes de production à Rodez et l'adapter à la nouvelle génération d'injecteurs.
- Toutefois, le président de Bosch France, Heiko Carrie, a mis en garde les salariés à la fin du mois de février 2019, selon Yannick Anglarès, délégué CGT. Il leur a dit que "si le marché du diesel continue de chuter, l'usine serait en danger", a affirmé ce syndicaliste.
L'usine du groupe japonais Ibiden à Courtenay (Loiret)
L'entreprise a confirmé mi-janvier aux salariés la fermeture de son usine de filtres à particules pour véhicules diesel située à Courtenay (Loiret), qui emploie plus de 300 personnes. En novembre 2018, le groupe avait déjà exprimé son intention de fermer le site en raison de la baisse des ventes de voitures de diesel.
L'usine, qui produit des filtres à basse porosité, avait expliqué que ce produit ne correspondait plus aux nouvelles normes anti-pollution. Reste qu'il est toujours possible à d'éventuels candidats de déposer des offres durant les trois mois que durera la procédure préalable au licenciement des salariés. Il y a deux ans, l'usine de Courtenay avait échappé à une délocalisation de sa production vers la Hongrie. Le personnel avait obtenu le report du projet jusqu'en 2020.