Aura-t-on assez de lithium pour fabriquer les voitures électriques?

L'une des plus grandes mines européennes de lithium, ce minerai indispensable à la fabrication des voitures électriques devrait voir le jour en France dans les prochaines années. Le groupe Imerys a annoncé mardi la mise en exploitation d'ici 2027 d'un gisement dans le Massif central.
"On est riche en mines et minéraux en France", a confirmé ce mercredi matin sur BFM Business Christian Mion.
Cet associé chez EY, expert du secteur minier, cite également la "qualité du savoir" géologique français. "On est aussi riche de démocratie, c'est-à-dire qu'avant de pouvoir exploiter ce que l'on a, on a tous les recours, on a l'ensemble des [parties prenantes] qui doivent se mettre autour de la table [pour] trouver un accord équilibré entre l'emploi et les conséquences sur l'environnement quelles qu'elles soient", a précisé Christian Mion, dont le cabinet vient de publier une étude sur les risques et opportunités à l'échelle mondiale du secteur minier en 2023.
"Il y en a un peu partout"
"Le lithium, il y en a un peu partout […], ce n'est pas un produit extrêmement rare", a-t-il expliqué. Ce minerai "peut s'extraire de manière assez rapide", davantage que le cuivre ou le cobalt "qui demandent des installations beaucoup plus compliquées au niveau chimique", a-t-il précisé.
Néanmoins, cinq pays concentrent aujourd'hui la production actuelle de lithium: 60% pour l'Amérique du Sud avec la Bolivie, l'Argentine et le Chili, ainsi que 20% pour l'Australie et 17% pour la Chine.
La production de lithium "est localisée dans des endroits qui, géostratégiquement, peuvent devenir problématiques demain", a noté Christian Mion.
Un délai de dix ans
Surtout, aura-t-on assez de métaux pour assurer la transition électrique ? Certains experts s'inquiètent déjà pour le cuivre, craignant que l'on ne dispose pas des ressources nécessaires pour assurer la transition du parc actuel vers un parc électrique. "Les métaux sont là, ils sont dans la croûte terrestre. Le seul problème, c'est qu'il faut une dizaine d'années pour monter une opération entre le début des découvertes [et] la production finale d'une tonne de cathode", a-t-il assuré.
Et sans cathode pas de batterie pour les voitures électriques. Or, les objectifs en Europe sont élevés, avec la fin de la vente des voitures à moteur thermique annoncée pour 2035. Le Président de la République Emmanuel Macron a lui confirmé au Mondial de l'Automobile la semaine dernière l'objectif de 2 millions de véhicules produits d'ici 2030 sur le sol français.
Malgré ces nouveaux gisements, Christian Mion prédit une hausse des prix des métaux qui va se poursuivre. La semaine dernière, le directeur général de Stellantis, Carlos Tavares, avait aussi prévenu: les prix des métaux sont volatiles et cette volatilité va se répercuter sur les prix des véhicules.