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Ascoval: gouvernement et opposition réagissent à la menace de délocalisation temporaire

L'aciérie d'Ascoval est sise à Saint-Saulve dans le département du Nord.

L'aciérie d'Ascoval est sise à Saint-Saulve dans le département du Nord. - François Lo Presti - AFP

Des syndicats ont déclaré que l'aciérie Ascoval, dans le Nord, projetait de délocaliser temporairement 40% de sa production sur des sites allemands à cause du prix de l'énergie.

L'aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) pourrait délocaliser temporairement 40% de sa production vers des sites plus polluants en Allemagne en raison des prix de l'énergie. Ces menaces de délocalisation sont "absurdes" car le contrat liant l'aciériste à EDF va "changer au 1er janvier", a réagi ce jeudi matin la ministre chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, sur France Info. Sans confirmer, la direction de Saarstahl, propriétaire d'Ascoval depuis quatre mois, a admis qu'elle étudiait des "options temporaires" pour "limiter les effets négatifs" de ces hausses.

"Il serait absurde d'aller 'balancer' des cadences" et de "fabriquer plus d'acier" en Allemagne "dans des usines qui polluent plus, alors qu'on a un instrument qui s'appelle Ascoval, qui fonctionne à l'électricité, qui produit de l'acier vert, et qui est d'ailleurs une pépite au sein de Saarstahl, pour une question ponctuelle de prix de l'électricité", a déclaré la ministre. "Le contrat qui lie l'aciérie d'Ascoval avec EDF va changer au 1er janvier, c'est-à-dire qu'il va être sur un coût d'électricité qui est stabilisé et donc ça va permettre de travailler", a-t-elle souligné.

Agnès Pannier-Runacher a aussi fait valoir qu'Ascoval allait bénéficier d'aides publiques venant tout juste d'être votées dans le projet de loi de finances pour compenser la hausse de l'électricité aux entreprises très consommatrices, et "faire en sorte que le prix de la compensation carbone soit plus important cette année". "Plutôt que de rembourser la tonne de carbone [non émis] sur le prix 2020, on se base sur la réalité de la tonne carbone aujourd'hui", a-t-elle dit. La décision de délocalisation n'est de toutes façons "pas prise", a-t-elle ajouté, en se disant "en discussion avec Saarstahl".

De son côté, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a prévenu qu'il n'était "pas question" que l'aciérie voit son activité délocalisée "définitivement" en Allemagne. "Je me suis battu avec beaucoup d'énergie, avec les syndicats, avec les ouvriers, pour sauver cette usine" et "il n'est pas question de délocaliser définitivement l'activité en Allemagne", a-t-il assuré sur RMC. "Nous travaillons à des solutions", a ajouté le ministré, assurant qu'Ascoval "restera française" et qu'"il n'est pas question de la laisser tomber".

"Ascoval est une magnifique usine, qui est le symbole de ce que peut être une aciérie décarbonée en Europe, donc il n'est pas question de la laisser tomber", a insisté Bruno Le Maire.

Pécresse et Bertrand demandent d'agir

Du côté de l'opposition, les candidats à l'investiture LR à la présidentielle Xavier Bertrand et Valérie Pécresse ont réclamé chacun de leur côté jeudi au gouvernement d'agir. "Il serait impensable que le gouvernement ne consente pas à des tarifs préférentiels d'électricité. Ce serait faire le choix du charbon allemand plutôt que d'une énergie décarbonnée française", a réagi jeudi dans un tweet Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France et candidat à l'investiture LR à la présidentielle.

Pour Valérie Pécresse, cette délocalisation est "scandaleuse et ubuesque, surtout quelques jours après la COP26 de Glasgow".

"Cela prouve qu'il faut absolument que la France aille à Bruxelles renégocier la fixation des prix de l'énergie" qui sont "fixés notamment par rapport à des centrales à charbon et au gaz, donc des énergies fossiles, alors que nous produisons une majorité de notre électricité avec le nucléaire, beaucoup moins cher", a fait valoir la présidente de la région Ile-de-France sur RTL.

Le député du Nord et candidat PCF à la présidentielle Fabien Roussel a, de son côté, écrit mercredi au ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour lui demander "d'intervenir sans délai".

Jérémy Bruno avec AFP