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66 millions d'euros en 2021: la rémunération du patron de Stellantis fait grincer des dents certains actionnaires

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En 2021, la rémunération du patron de Stellantis Carlos Tavares a atteint les huit chiffres, 19 millions d'euros et même 66 millions d'euros en comptant les actions gratuites. Les actionnaires pourraient décider d'en abaisser le montant.

La rémunération de Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis, fait grincer des dents. Selon le rapport annuel de Stellantis, le chef d'entreprise portugais a perçu 19 millions d'euros de rémunération en 2021. Une enveloppe composée notamment de 2 millions d'euros de salaire fixe, 7,5 millions d'euros de variable lié aux objectifs qui ont été atteints.

Mais un chiffre trois fois plus important est aussi évoqué. Selon la société de gestion Phitrust, qui scrute les pratiques sociales et environnementales des entreprises, la rémunération de Carlos Tavares s'élèverait à 66 millions d'euros pour 2021. Pour arriver à ce chiffre, Phitrust englobe 32 millions d'euros d'actions gratuites.

Une rémunération jugée indécente

"Ces actions seront versées dans un certain temps, elles doivent être conservées un temps donné et tout cela est lié à des objectifs de performance. A cela s'ajoute aussi une autre rémunération de long terme liée à d'autres objectifs qui n'ont pas été rendus public", précise Nicolas Doze, éditorialiste à BFM Business.

Phitrust juge cette rémunération indécente, qui fait de Carlos Tavares le patron le mieux payé des grandes entreprises françaises. Même son de cloche du côté de la CFTC, qui pointe l'écart avec les plus bas salaires de l'entreprise.

"C'est un grand capitaine d’industrie et le sujet n’est pas là. Mais lors des négociations salariales, il nous a été expliqué qu'il fallait faire des négociations responsables. Donc à un moment donné, il faut aligner le discours et les faits", critique Franck Don, délégué syndical Central CFTC chez PSA, interrogé par BFM Business.

La direction justifie ce montant

Mais pour la direction de Stellantis, cette rémunération est justifiée car depuis la fusion entre PSA et Fiat Chrysler, l'entreprise est "désormais un groupe mondial, aussi présent aux Etats-Unis". Il faut donc comparer la rémunération de Carlos Tavares à celle des grands patrons à l’échelle internationale.

La direction précise aussi que la part variable sera versée uniquement si les objectifs sont atteints. Des versements potentiels qui s’échelonneront jusqu'en 2028. Grâce à la restructuration de l’entreprise, Stellantis a généré l’an dernier plus de 13,4 milliards d’euros de profit alors que le secteur vacille, perturbé par la pénurie de semi-conducteurs et la flambée du coût des matières premières.

Aux actionnaires de trancher

Ce sera aux actionnaires de décider lors de l'assemblée générale qui aura lieu ce mercredi en visioconférence depuis Amsterdam, si Carlos Tavares mérite une rémunération aussi importante. Il est arrivé à plusieus reprises ces dernières années que des rémunérations considérées comme excessives soient rejetées.

Interrogé sur le sujet, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement et soutien d'Emmanuel Macron, a réagi ce mercredi sur BFMTV. Stellantis "est une entreprise privée et, à la fin, ce sont les actionnaires qui décident et qui votent". Il en a profité pour rappeler une mesure portée par son candidat: "nous, ce qui nous importe, c'est qu'il y ait un meilleur partage de la valeur dans l'entreprise". L'Etat pourra d'ailleurs peser dans la balance puisqu'il détenait au 31 décembre dernier, via Bpifrance, 6,15% du capital du groupe Stellantis.

Virginie Cooke et Pauline Dumonteil