100.000 emplois perdus depuis 2008: Arcelormittal "excessivement inquiet" de la lenteur de Bruxelles à protéger l'acier européen

Arcelormittal France s'est dit mercredi "excessivement inquiet" du temps pris par la Commission européenne pour "protéger" le marché européen de l'acier via notamment une limitation des importations sur le Vieux continent et un soutien à la production européenne, "pas compétitive" en raison du coût du CO2. "Nous sommes excessivement inquiets, car ça prend du temps, ca ne vient pas", a déclaré le président d'Arcelormittal France, Alain Le Grix de la Salle, lors d'une audition devant les députés français.
Il a rappelé que son groupe, qui a annoncé fin avril la suppression de 636 postes en France, attendait la concrétisation rapide du plan acier annoncé en mars par Bruxelles avant de pouvoir confirmer un investissement de décarbonation à Dunkerque.
"Il faut que l'Europe se protège, et rapidement (...) c'est le sujet général de l'industrie en Europe et en France" a-t-il dit.
Le premier four électrique pas avant 2028
100.000 emplois ont disparu en Europe dans le secteur de la sidérurgie depuis 2008 alors que la production a baissé de 30%, selon les chiffres de l'association mondiale des producteurs d'aciers. Ces derniers mois, ce secteur très stratégique est pris en étau par les prix élevés de l'énergie et les surcapacités de production des industriels chinois. Il peine donc à investir dans les coûteux projets de décarbonation. Soutenu par le gouvernement français, il réclame une nette inflexion protectionniste.
"Notre intention est toujours de confirmer le premier four électrique" à Dunkerque "avant la fin de l'année" ou "après l'été", "dès que la Commission européenne aura confirmé les mesures liées au plan d'acier", a répété Alain Le Grix de la Salle.
Le four lui-même devrait être mis en place "d'ici fin 2028 ou début 2029" a-t-il précisé. Le coût de ce premier four à arc électrique (EAF), 1,2 milliard d'euros, est "très élevé" parce qu'il comprend "tout autour l'adaptation du site pour pouvoir recevoir le premier EAF, donc des coûts de structure et de logistique" a expliqué le responsable. Le coût du deuxième, s'il est confirmé à Dunkerque également, devrait être de "700 à 800 millions d'euros".
Quant au projet initial d'Arcelormittal d'investir aussi dans une usine de réduction directe du minerai de fer par le gaz ou l'hydrogène en remplacement du charbon, connu sous l'acronyme DRP pour "Direct reduction plant", il a clairement réexpliqué que "ce modèle ne tient pas en Europe" dans les conditions actuelles et "tant que nous n'avons pas une solution pour soutenir l'industrie lourde au niveau des coûts de l'énergie, je pense notamment au gaz" a-t-il dit.