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Il cite l'exemple d'une entreprise de 6 employés qui a reçu des milliards de dollars de financement: pour Jeff Bezos il y a bel et bien une "bulle" de l'intelligence artificielle

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Alors que les entreprises de l'intelligence artificielle atteignent des valorisations stratosphériques, le principal actionnaire d'Amazon table néanmoins sur une stabilisation du marché et in fine, beaucoup de bénéfices pour la société.

Où s'arrêteront-elles? Ce jeudi, la société américaine OpenAI, à l'origine de ChatGPT, a atteint une valorisation de 500 milliards de dollars via une opération de ventes de titres. Elle est ainsi devenue la start-up non cotée la plus valorisée au monde.

Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres: les entreprises de l'intelligence artificielle (IA) atteignent aujourd'hui des valorisations stratosphériques alors que la plupart ne génèrent aucun bénéfice.

Pour certains, le secteur vit donc une "bulle". Ce terme désigne une période de surévaluation des actions ou de la valeur des entreprises, qui s'éloigne de la réalité économique. Au début des années 2000, "la bulle" internet explosait, entraînant des dizaines entreprises "de la nouvelle économie" vers le fond et l'effondrement de leurs valorisations.

Pour Jeff Bezos, fondateur et principal actionnaire d'Amazon, l'IA est bel et bien en pleine "bulle".

Selon CNBC, lors de l'Italian Tech Week qui se tient à Turin, il déclare: "C'est une sorte de bulle technologique. Les bonnes idées comme les mauvaises sont financées. Et les investisseurs ont du mal à distinguer les bonnes idées des mauvaises. Et c'est probablement ce qui se passe aujourd'hui".

"Cela ne signifie pas que tout est faux"

Et de donner l'exemple d'une entreprise de six personnes recevant des milliards de dollars de financement sans qu'un produit ne soit développé. "C'est un comportement très inhabituel", a-t-il déclaré, sans préciser de quelle entreprise il parlait.

Jeff Bezos n'est pas le seul dirigeant à alerter sur le risque de bulle spéculative dans le secteur de l'IA. En août, Sam Altman, PDG d'OpenAI, affichait la même crainte partagée par de nombreux investisseurs.

"Quand les investisseurs sont enthousiastes, ils ont tendance à se concentrer sur les aspects positifs et à minimiser les risques potentiels… Il y aura un retour à la réalité, un ajustement, une correction. L'ampleur de cette correction dépendra de la durée de cette hausse actuelle", alerte ainsi David Solomon, PDG de Goldman Sachs.
"Le phénomène lié à l'IA commence à ressembler à l'une des plus grandes bulles spéculatives de l'histoire des marchés", abonde Karim Moussalem, directeur des investissements chez Selwood Asset Management.

Néanmoins, Jeff Bezos est optimiste. "Cela ne signifie pas que tout est faux. L'IA est réelle et elle va transformer tous les secteurs". Et d'expliquer que les bulles technologiques pouvaient finalement être positives. Il cite l'exemple de la bulle des entreprises biotechnologiques et pharmaceutiques des années 1990, qui a permis le développement de médicaments vitaux, même si de nombreuses entreprises ont ensuite fait faillite.

"Ces bulles ne sont pas si néfastes, elles peuvent même être positives. Quand la poussière retombe et qu'on compte les gagnants, la société profite de ces inventions", souligne le milliardaire. "C'est ce qui va se passer ici aussi".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business