Les énormes bénéfices de TotalEnergies relancent le débat sur les "super-profits"

TotalEnergies a engrangé d'énormes bénéfices au deuxième trimestre, profitant à plein de la hausse des cours du pétrole et du gaz, qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie, et relançant un début de débat sur la taxation des "superprofits".
Le groupe français a plus que doublé son bénéfice net au deuxième trimestre, à 5,7 milliards de dollars, contre 2,2 milliards au même trimestre de 2021. Sur les six premiers mois de l'année, le géant pétrolier affiche un résultat net publié de 10,6 milliards de dollars et un résultat net ajusté de 18,8 milliards de dollars.
"Le résultat net ajusté exclut l'effet de stock après impôt, les éléments non-récurrents et les effets de variation de juste valeur", précise dans son communiqué TotalEnergies. Les éléments d'ajustement du résultat net représentent par exemple un montant de -4,1 milliards de dollars au deuxième trimestre, notamment du fait de la prise en compte de l'impact potentiel des sanctions internationales sur la valeur de sa participation dans le russe Novatek.
Cette flambée sur les marchés profite à l'ensemble du secteur pétrolier et gazier dans le monde. Le géant pétrolier britannique Shell a ainsi publié jeudi un bénéfice net multiplié par cinq au deuxième trimestre, à 18 milliards de dollars.
Ces bénéfices massifs ont alimenté en France un débat sur l'opportunité de les taxer. L'Assemblée nationale a toutefois rejeté de peu samedi l'idée d'une taxe sur les "superprofits" ou "bénéfices exceptionnels" des grandes multinationales - notamment pétrolières -, malgré les protestations de la gauche et de l'extrême droite.
A la place, TotalEnergies a annoncé une remise de 20 centimes d'euros par litre de carburant à la pompe entre septembre et novembre dans toutes ses stations-service, puis de 10 centimes par litre sur le reste de l'année.
Taxation exceptionnelle rejetée
"Le gouvernement a refusé une taxation exceptionnelle des profits liés à la hausse de l'énergie", a regretté jeudi la députée Nupes-PS Valérie Rabault, citant le bénéfice ajusté semestriel de 18,8 milliards de TotalEnergies. "A comparer aux 500 millions octroyés pour la baisse du prix à la pompe", a-t-elle ajouté sur Twitter.
"Le gouvernement se contente d'une ristourne de 500 millions d'euros. Plus que jamais, la taxe sur les superprofits doit être mise en place", a réclamé le député LFI Manuel Bompard.
"Quand vous ferez le plein de votre voiture pour aller au travail ou partir en vacances, rappelez-vous que chaque centime servira à engraisser un actionnaire. Et que l'Etat n'a rien fait pour bloquer les prix. Une seule solution: taxer ces profiteurs de guerre!", a attaqué le communiste Fabien Roussel.
L'ONG environnementale 350.org a pour sa part dénoncé un bénéfice "stupéfiant", alors que "le géant pétrolier est responsable de certains des projets de combustibles fossiles les plus destructeurs de la planète", citant notamment un projet d'oléoduc controversé en Afrique de l'Est.
Il y a "déjà une taxe qui existe sur les profits", a rétorqué sur Franceinfo Aurore Bergé, patronne des députés Renaissance. La France est "le pays européen, juste après le Danemark, qui a le plus fort niveau de prélèvements obligatoires", a-t-elle fait valoir, plaidant pour la "stabilité" en matière fiscale.
Symboliquement, en cette journée de publication de résultats florissants, une partie des salariés du groupe étaient en grève à l'appel de la CGT, afin de "maintenir la pression" et réclamer des augmentations de salaires tenant compte de l'inflation, selon Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité d'entreprise européen TotalEnergies SE.
"La politique de retour à l'actionnaire est confortée au travers de la croissance du dividende de 5% et de la poursuite du programme de rachats d'actions à hauteur de 2 milliards de dollars au troisième trimestre", a souligné de son côté le groupe.