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Energie

Le nucléaire "n'est pas une option" pour l'Allemagne

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Le gouvernement allemand a rejeté l'option de poursuivre l'exploitation des dernières centrales nucléaires pour faire face à la crise énergétique.

Le gouvernement allemand a de nouveau rejeté mercredi l'option de poursuivre l'exploitation des dernières centrales nucléaires en activité dans le pays, malgré les appels récents à revoir sa position pour s'émanciper plus rapidement du gaz russe.

"Prolonger la durée de vie des centrales nucléaires n'est actuellement pas une option, principalement pour des raisons de sécurité", a déclaré un porte-parole du ministère allemand de l'Environnement lors d'un point de presse régulier.

L'ancienne chancelière Angela Merkel a engagé l'Allemagne dans la sortie du nucléaire après la catastrophe de Fukushima en 2011 et les trois derniers réacteurs du pays vont être arrêtés à la fin de l'année. Mais la question de la sécurité énergétique de la première économie européenne se pose avec une acuité accrue depuis que la Russie tente de déstabiliser le marché du gaz et réduit progressivement ses flux vers l'Europe.

Ces derniers jours, plusieurs figures du monde industriel et politique ont appelé le gouvernement d'Olaf Scholz à prolonger la durée de vie des réacteurs. Au sein de la coalition "tricolore" au pouvoir, le ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, a demandé "un débat ouvert et sans idéologie" sur la question. Ses partenaires sociaux-démocrates (SPD) et écologistes y ont opposé une fin de non-recevoir.

Des discussions qui arrivent "trop tard"

Le chef du parti conservateur CSU et président du Land de Bavière, Markus Söder, a estimé mercredi qu'une prolongation du nucléaire était "certainement" possible, ce qu'affirme également le lobby allemand de l'industrie nucléaire. Mais ces discussions arrivent "trop tard", selon le patron du premier groupe d'énergie allemand RWE, Markus Krebber, cité dans le quotidien Die Welt.

Outre la difficulté de trouver rapidement des combustibles qui doivent "s'adapter exactement à chaque type de réacteur", le patron a lui aussi relevé la question des contrôles de sécurité des installations qu'exigerait un changement de calendrier. Pour compenser la baisse des flux de gaz russe, le gouvernement allemand s'est déjà résolu à annoncer ce week-end un recours accru aux centrales à charbon.

En raison du délai nécessaire pour se procurer du combustible, "l'énergie nucléaire ne nous aidera pas maintenant et pas dans les deux prochaines années", période la plus délicate de la transition énergétique dans laquelle s'est engagée l'Allemagne pour s'affranchir du gaz russe, avait déclaré lundi le chancelier allemand Olaf Scholz dans une interview au quotidien bavarois "Münchner Merkur".

J. Br. avec AFP