La spectaculaire envolée des prix énergétiques pour les entreprises industrielles
Une crise énergétique d'une ampleur inédite. Au point de contraindre plusieurs usines à réduire, voire stopper temporairement leur activité. En 2022, l'industrie française a été frappée de plein fouet par l'explosion des prix de l'énergie. Dans le détail, le prix annuel moyen du mégawattheure d'électricité payé par les entreprises du secteur a bondi de 45%, à 113 euros, après une hausse de 21% en 2021, rapporte une étude de l'Insee ce jeudi.
A titre de comparaison, le prix moyen du mégawattheure avait progressé de 3% par an entre 2017 et 2020. Le prix atteint en 2022 était même supérieur de 70% au prix de 2014, année durant laquelle le MWh était le plus cher de la dernière décennie.
De son côté, le prix moyen du MWh de gaz a plus que doublé (+107%) l'an dernier pour les entreprises industrielles, après une forte hausse de 65% déjà observée en 2021. Or, ce même prix avait baissé de 6% par an en moyenne entre 2013 et 2020.
Des hausses de prix qui dépendent de la taille de l'entreprise et du type de contrat
Les grandes entreprises ont été les plus touchées par la flambée des prix de l'énergie. Pour l'électricité et le gaz, celles de 250 salariés ou plus ont subi respectivement des hausses de 46 et 121%, contre +39 et +69% pour les entreprises de 20 à 49 salariés.
L'ampleur de la hausse des prix subie par les entreprises industrielles est aussi directement liée au contrat qu'elles avaient souscrit, les plus vulnérables étant celles qui avaient un contrat à prix fixe devant être renouvelé en 2022.
Parmi elles, 51% ont subi une hausse des prix de l'électricité de 150% ou plus lors du renouvellement (et même 60% de celles qui ont renouvelé leur contrat dans la deuxième moitié de 2022), contre 29% en moyenne pour les entreprises titulaires d'un type de contrat différent.
En outre, seules 8% des entreprises titulaires d'un contrat à prix fixe sur une durée contractuelle et 14% de celles ayant un contrat indexés sur les prix de gros n'ont subi aucune augmentation lors du renouvellement de leur contrat d'électricité en 2022, alors que c'était le cas de 22 et 21% des entreprises au tarif réglementé ou dont le contrat était indexé sur le tarif réglementé.
Même constat pour le gaz. En effet, près de la moitié (46%) des entreprises qui ont dû renouveler leur contrat à prix fixe en 2022, ont subi une hausse des prix du MWh de plus de 150%, soit 20 points de plus que les entreprises dont le prix du gaz était indexé sur le prix du marché.
8 entreprises sur 10 ont conservé leur contrat
Sauf lorsque l'échéance tombe au mauvais moment, le contrat à prix fixe reste tout de même plus sécurisant pour les entreprises. Si une large majorité de celles qui devaient renouveler leur contrat (83%) ont conservé le même type de contrat de gaz l'an dernier, 20% de celles qui avaient un contrat au prix indexé sur le marché ont opté pour un contrat à prix fixe.
"À l’inverse, seulement 10 % des établissements qui avaient un contrat à prix fixe en début d’année 2022 ont souhaité changer de type de contrat en 2022. Cette tendance se confirme sur les souhaits des établissements pour 2023", relève l'Insee.
Plus de la moitié des entreprises industrielles ont répercuté la hausse des prix de l'énergie sur leurs prix
Confrontées l'envolée des prix énergétiques, plus de la moitié des entreprises industrielles (52%) ont répercuté cette hausse sur leurs prix de vente. 44% ont également réduit leurs marges et 29% disent avoir prélevé sur le trésorerie. En outre, 38% des entreprises interrogées ont adapté leurs méthodes de production, 29% ont investi pour réduire ou optimiser leur consommation, 4% ont réduit leur activité et 2% l'ont arrêtée temporairement.
Pour 2023, les entreprises industrielles semblent en revanche plus nombreuses à vouloir augmenter leurs prix (61%) plutôt que comprimer leurs marges. Et parmi celles qui avaient déjà relevé leurs tarifs l'an passé, 80% envisagent de continuer à le faire cette année.