"Je ne peux pas le faire": le patron de Système U rejette le plafonnement des carburants à 1,99 euro

Les magasins U ne plafonneront pas le prix des carburants à 1,99 euro. Le patron du groupe, invité de France Inter mardi, explique qu’il ne peut répondre positivement à cette requête du gouvernement. "Je ne peux pas le faire. Je ne suis pas producteur, j’achète et je revends le carburant", détaille Dominique Schelcher.
En effet, la firme de grande distribution française n’est qu’un intermédiaire entre le raffineur et le consommateur.
"J’ai un prix d’achat, je rajoute les taxes, à un moment je vais moi-même me retrouver au-dessus de 2€", ajoute-t-il.
Or, la vente à perte est interdite en France, Système U est donc dans l'incapacité de garantir un prix en dessous de deux euros dans une période de flambée des prix du diesel et du SP-95 et SP-98.
Vers une opération "prix coûtant" ?
Un geste commercial est toutefois à l’étude: "Nous avons fait des opérations à prix coûtant tout l’été, on va le refaire, mais quand on fait une opération prix coûtant, c’est un ou deux centimes de moins au litre".
Une baisse modique qui ne satisfait pas les clients, de l’aveu même du patron des hypermarchés et supermarchés U.
"Ce n’est pas chez nous qu’est la clef", ajoute Dominique Schelcher. "Les raffineurs doivent faire un effort", gage-t-il. Il dit aussi avoir conscience que l'État aura du mal à réduire les taxes sur l'or noir, au vu de la situation des finances publiques.
Le gouvernement met la pression sur les distributeurs et les pétroliers
Pourtant, quelques minutes plus tôt, la ministre Agnès Pannier-Runacher a assuré sur RMC être en contact avec "Système U, Carrefour et les autres acteurs de la grande distribution" et "croi(t) savoir qu'effectivement il y aura d'autres annonces".
Totalénergies a indiqué qu’il prolongerait l’an prochain le plafonnement à 1,99 euro par litre d’essence et de diesel dans l’ensemble de ses 3400 stations de France.
Quant aux Mousquetaires, son patron a annoncé une opération "prix coûtant des carburants" certains week-ends.
"Je remercie et Total et Intermarché de prendre leurs responsabilités, et j'attends des autres fournisseurs et distributeurs de carburants" qu'ils en fassent autant, a déclaré la ministre de la Transition énergétique.
Pas de ristourne du gouvernement
Les prix des carburants en France sont remontés cet été: la semaine dernière en moyenne, le SP95-E10 se vendait à 1,9359 euro le litre (+0,9 centime par rapport à la semaine précédente), le gazole à 1,88 euro (+2,3 centimes) et le SP-98 à 2 euros (stable): des tarifs qui n'avaient pas été aussi élevés depuis avril pour l'essence et février pour le gazole, selon les statistiques du ministère de la Transition énergétique.
De son côté, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire avait demandé au géant pétrolier Totalénergies de prendre "en considération les difficultés" des automobilistes. Une réunion est prévue ce jour pour demander aux distributeurs et pétrolier français de réduire leur marge sur le prix des carburants.
"J'espère que cette réunion sera conclusive. L'État ne peut pas prendre sur ses seules épaules le fardeau de l'inflation", a lancé le ministre de l’Économie sur LCI, écartant ainsi l’idée d’une ristourne généralisée du gouvernement.