Faute de vent, les éoliennes ont tourné au ralenti en 2021

Parc éolien dans un champ à Villeveyrac, en Occitanie, le 1er juin 2021 (photo d'illustration). - Pascal GUYOT © 2019 AFP
Sale temps pour les éoliennes ! Rarement le vent a aussi peu soufflé que l'an dernier en Europe. En 2021, dans certaines parties du Vieux continent, les vitesses du vent ont été les plus faibles enregistrées depuis au moins quarante ans. D'après le dernier rapport du programme spatial Copernicus, l'observatoire européen chargé de collecter des données sur l'état de la planète, il faut en effet remonter à 1979 pour retrouver un niveau aussi bas, date des premières données historiques.
Dans une région s'étendant de l'Irlande et du Royaume-Uni au Danemark, à l'Allemagne et la Tchéquie, en passant par la mer du Nord, la moyenne annuelle de la vitesse du vent dans certains endroits a été jusqu'à 10% inférieure à la moyenne enregistrée sur la période de référence 1991-2020. En revanche, précise le rapport de Copernicus, des vents plus forts que la moyenne ont été enregistrés dans le sud-est de l'Europe, notamment en Italie, en Grèce, en Turquie et dans les Balkans.

Or, cette situation n'est pas sans conséquence pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe. Les pays où les niveaux de vitesse du vent ont été particulièrement bas, ce sont aussi les pays où l'énergie éolienne est la plus développée. L'Allemagne possède la plus grande capacité de production du continent et le Royaume-Uni occupe la troisième place du podium. Au large du Danemark, dont 44% de la consommation est satisfaite par les éoliennes, la mer est couverte de parcs offshore.
Un indicateur de plus en plus suivi
Pour l'éolien sur terre, la capacité de production annuelle moyenne en 2021 était inférieure d'environ 13% en Allemagne et au Royaume-Uni par rapport à la moyenne annuelle de la période 1991-2020, et cela a même atteint 15% en Irlande et en Tchéquie. Pour l'éolien en mer, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Danemark affichaient une capacité de production inférieure d'environ 9% par rapport à cette même moyenne. Au Royaume-Uni et en Irlande, elle était inférieure de plus de 10%.

Selon le rapport de Copernicus, une réduction de 10% de la vitesse du vent entraîne une baisse de 27% de la puissance d'une éolienne - qui, par ailleurs, a besoin d'une vitesse minimale pour produire de l'électricité. Avec la montée en puissance de l'énergie éolienne, comme en France, l'évolution des niveaux de vitesses du vent va devenir un indicateur particulièrement suivi. Si de tels épisodes devaient se répéter, voire devenir la norme, cela pourrait avoir des répercussions sur son développement.
Les professionnels du secteur, eux, se montrent confiants, misant notamment sur les améliorations technologiques. "Une éolienne commence à produire de l’électricité avec des vents autour de 10 km/h" et "comme le vent est prédictible, l’équilibrage de réseau se fait sans difficulté", assure le porte-parole de France Énergie éolienne, Michel Gioria, à La Croix. Toutefois, en raison du réchauffement climatique, les vitesses du vent pourraient diminuer à l'avenir en Europe.