"Entre 8.000 et 12.000 recrutements par an": RTE prévoit des embauches massives pour moderniser son réseau

Le plan de modernisation du réseau électrique français, d'un coût estimé à 94 milliards d'euros sur 15 ans, annoncé par RTE le 13 février dernier, sera le troisième grand plan d’électrification en France. Un plan qui va demander de nombreux recrutements ces prochaines années, comme l'explique ce mardi sur BFM Business Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances chez RTE.
"Sur l’ensemble de la filière réseau (partie transport, distribution et chaine de sous traitance, c’est entre 8.000 et 12.000 personnes à recruter par an", explique Thomas Veyrenc.
Un réseau électrique trop âgé
Le plan de modernisation de RTE vise notamment à rénover, moderniser et redimensionner l'ensemble du réseau afin de relier les centrales nucléaires et parcs renouvelables aux villes, campagnes et usines. Un plan de modernisation ambitieux qui va nécessiter un plan de formation important.
Ce projet répond à plusieurs enjeux cruciaux pour le pays, notamment le vieillissement du réseau électrique.
"Le réseau est âgé, on a besoin de le renouveler. Une partie de nos lignes ont plus de 100 ans" commente Thomas Veyrenc.
Certaines lignes datent des années 1920/1930 ou d’après la seconde guerre mondiale.
Le réseau doit aussi être renforcé pour faire face à des défis climatiques, notamment des vagues de chaleur ou des crues centennales.
Le plan doit aussi faire face à des problématiques liées aux raccordements nécessaires à la transition énergétique. Près de 53 milliards d'euros seront investis pour raccorder les nouveaux parcs éoliens en mer, les panneaux solaires, les réacteurs nucléaires EPR et les nouvelles zones industrielles portuaires, mais également les data center dédiés à l'intelligence artificielle.
L'objectif est de bâtir un réseau capable d'absorber l'augmentation de la consommation d'électricité à mesure que des projets tels que l'électrification du parc automobile ou l'implantation de data center se multiplient.
Redéfinir la géographie du réseau
"Le réseau est bien adapté à la France des années 70,80. Aujourd’hui la production et la consommation ne sont plus au même endroit" explique Thomas Veyrenc.
Cette ambition est renforcée par des considérations de souveraineté énergétique.
"Actuellement, la France dépend encore à 60% des énergies fossiles. Outre le coût, veut-on de cette dépendance énergétique?", questionne Thomas Veyrenc.
D’autant plus que l’électricité représentera plus de 50% des besoins énergétiques du pays d'ici à 2050, contre un peu plus du quart aujourd’hui. Le renouvellement du réseau vise donc aussi à réduire cette dépendance et à renforcer la souveraineté énergétique de la France.
"Si on arrive à électrifier l’économie, on va y gagner. 100 milliards d’euros, c'est l’ordre de grandeur de nos investissements, mais c’est aussi ce qu’on a dépensé en un an en 2022 juste pour acheter du pétrole et du gaz" explique Thomas Veyrenc.