Electricité: la production française retrouve des couleurs mais reste inférieure aux niveaux d'avant-crises

La production électrique française a remonté la pente l'année dernière. Il y a un an, l'Hexagone traversait un hiver difficile marqué par "trois crises en une" selon Thomas Veyrenc, directeur général en charge de l’économie et de la prospective à RTE: des menaces sur l'approvisionnement en gaz avec des répercussions sur les prix, la crise de la production nucléaire puis celle de la production hydraulique.
Au cours des derniers mois, et plus particulièrement le dernier trimestre 2023, la situation s'est nettement améliorée. Si bien que la production française d'électricité a bondi de 11%, passant de 445 TWh en 2022 à 494 TWh l'année dernière.
Dans le détail, c'est évidemment la production nucléaire qui s'est nettement redressée, de 279 à 320 TWh, représentant désormais 65% du mix électrique contre 63% en 2022. Ce niveau de production nucléaire reste toutefois 19% inférieur à celui de la moyenne sur la période 2014-2019. Cela s'explique notamment par un taux de disponibilité du parc nucléaire qui, bien qu'il soit passé de 54 à 63% en un an, demeure bien loin de la moyenne de 74% observée durant les années pré-Covid.
"Les redémarrages successifs des réacteurs traités pour le phénomène de corrosion sous contrainte ont permis de retrouver des niveaux de disponibilité proches des minima de l'enveloppe historique à partir de septembre", relève le gestionnaire du réseau de transport électrique.
Des retards sur le renouvelable mais une production de plus en plus décarbonée
Les autres postes de production ont également connu des trajectoires positives l'année dernière. A l'image de la production hydraulique qui a progressé de 18% entre 2022 et 2023 ou encore des filières éolienne et solaire qui pour la seconde année consécutive produisent davantage que les barrages hydro-électriques. La première a bénéficié d'une extension du parc éolien terrestre de l'ordre de 1,3 GW mais aussi de la mise en service des premières installations offshore comme à Saint-Nazaire. De son côté, la production solaire est en hausse de 16% sur un an.
"La France accuse cependant d'un retard sur le développement des renouvelables: d'un an et demi pour l'éolien terrestre, quatre mois pour le solaire", relève la directrice des statistiques et de la valorisation des données de RTE Maité Jaureguy-Naudin.
Sur le terrain de la décarbonation de la production électrique, les nouvelles sont bonnes. En 2023, le volume de production thermique fossile a reculé de 34% par rapport à 2022 pour tomber à son plus bas niveau depuis 2015 en particulier grâce à la diminution sur le front gazier.
Au final, la production décarbonée en 2023 s'est élevée à 456 TWh, soit 92,2% de la production totale contre 87,3% en 2022. Par ailleurs, les émissions de gaz à effet de serre du système électrique français ont atteint en 2023 un minimum historique à 16,1 millions de tonnes en équivalent CO2 contre 23,8 millions de tonnes l'année précédente.
La consommation en baisse de 7% par rapport à l'avant-Covid
Si les variations sont moins significatives concernant la consommation, cette dernière confirme néanmoins sa tendance baissière en passant de 460 à 445 TWh, soit un repli de 3,2% sur un an. "On est à des niveaux qui sont en dessous de la consommation de 2020, c'est-à-dire l'année des confinements", souligne Thomas Veyrenc. Par rapport à la moyenne sur la période 2014-2019, la baisse frôle les 7%.
"Si une dynamique de sortie des énergies fossiles est engagée, la consommation d'électricité sera orientée à la hausse. Il reste néanmoins des incertitudes sur l'ampleur et le moment de cette matérialisation."
"2023 est la prolongation d'une tendance déjà effective sur le dernier trimestre 2022", ajoute l'expert qui y voit plusieurs explications. D'une part, la mobilisation continue en faveur des économies d'énergie, une partie de cette baisse étant susceptible de devenir pérenne car des entreprises et particuliers ont pu constater que leurs éco- gestes étaient rentables. D'autre part, la conjoncture économique à savoir les prix de l'énergie pour les industries et les particuliers mais aussi les conditions économiques générales. Malgré une chute de 276 à 97 euros/MWh entre 2022 et 2023, les prix spots n'ont d'ailleurs pas encore retrouvé leur niveau d'avant-crise en France même s'ils sont repassés en dessous de ceux constatés en Grand-Bretagne.