Électricité: la facture des abonnés au tarif réglementé baisse de 15% en moyenne dès ce mois-ci

C'est une première depuis 10 ans. À partir de samedi, la facture d'électricité de la plupart des ménages baisse de 15% en moyenne. Cette baisse concerne surtout les 20,4 millions de foyers abonnés au "tarif bleu" d'EDF et qui représentent 60% des 34 millions d'abonnés résidentiels. Mais elle s'applique également aux 4 millions d'abonnés ayant souscrit à une offre indexée sur ce tarif réglementé de vente de l'électricité (TRVE).
Cette forte baisse du TRVE intervient malgré le relèvement de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE) qui acte la fin du bouclier tarifaire et une très forte hausse des coûts d'acheminement et de distribution de l'électricité (Turpe) qui est appliquée dès le 1er février, au lieu du 1er août, afin notamment d'éviter un "effet yo-yo" sur la facture des ménages.
Les offres de marchés restent "compétitives" selon la CRE
La facture d'électricité se compose de trois volets: le coût de l'énergie en elle-même, les taxes et l'acheminement. C'est la première composante, avec le repli des cours de l'électricité sur les marchés, qui permet d'amortir les hausses des taxes et du coût de l'acheminement, et de faire baisser la facture.
Pour les 10 millions de particuliers qui ne dépendent pas des tarifs réglementés, mais sont en offre de marché, tout dépendra de leurs fournisseurs, qui restent libres de répercuter ou non les hausses côté taxes et acheminement, en jouant sur leurs marges. Lors d'une conférence de presse mi-janvier, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a dit s'attendre à ce que leurs offres restent "compétitives".
"Il reste de la place pour la concurrence, même une fois que les tarifs réglementés auront baissé", avait indiqué la présidente de la CRE Emmanuelle Wargon.
L'autorité indépendante a calculé l'économie annuelle pour des foyers-types aux tarifs réglementés (cuisson-eau chaude-chauffage): une baisse de 651 euros dans une maison de quatre personnes, de 389 euros pour un foyer de 3 personnes en appartement et de 107 euros pour deux personnes. Sur la facture globale, le prix de l'électricité au kilowattheure passera de 28 à 24 centimes. La baisse bénéficiera aussi à toutes les TPE, même les plus énergivores tels que les boulangers, qui pourront dès le 1er février souscrire à un contrat au tarif réglementé.
Une baisse plus importante que celle annoncée par Michel Barnier
Le sujet du prix de l'électricité, qui a enflammé les débats politiques ces derniers mois, avait contribué à précipiter la chute du précédent gouvernement de Michel Barnier début décembre, sur fond de bataille parlementaire sur le budget 2025.
Le projet de loi de finances d'octobre, toujours en suspens, prévoyait une baisse de 9% du tarif réglementé. Les débats se sont cristallisés sur la volonté pour le gouvernement d'appliquer une hausse de la taxe sur l'électricité (accise) au-delà de son niveau d'avant la crise énergétique, ce qui lui aurait permis de récupérer 3,4 milliards d'euros, mais privait les consommateurs d'une baisse de facture plus importante.
Sous la pression du Rassemblement national (RN), Michel Barnier avait renoncé à cette hausse supplémentaire fin novembre afin de garantir une baisse de 14% de la facture, sans toutefois éviter la censure. Finalement, le gouvernement de François Bayrou a confirmé qu'il abandonnerait, pour le budget 2025, le relèvement de la taxe au-delà du niveau prévu.
Pas de hausse du tarif réseau avant août 2026
L'accise remontera donc au 1er février à son niveau d'avant-crise, relevé de l'inflation, soit 33,70 euros par mégawattheure pour les particuliers. Lors de la crise énergétique, cette taxe avait été abaissée à son minimum de 1 euro du MWh pour modérer les factures, avant de remonter à 22 euros du MWh le 1er février 2024, ce qui avait mécaniquement entraîné une hausse de près de 10% des factures. Avant cela, le tarif réglementé avait déjà augmenté de 4% en février 2022, 15% en février 2023 et 10% en août 2023.
À cette taxe, s'ajoute une forte hausse d'une autre composante, le Turpe, une sorte de péage payé par les fournisseurs pour l’utilisation des réseaux de transport et de distribution d'électricité et répercuté aux consommateurs. La CRE a décidé de reporter du 1er août 2024 au 1er février, une hausse de 4,8%, et d'avancer au 1er février une autre de 7,7% prévue au 1er août 2025 afin de les amortir grâce à la baisse actuelle des cours sur le marché. La prochaine hausse n'est pas attendue avant août 2026.