Électricité: Emmanuelle Wargon indique qu'"on gardera au moins cinq heures creuses la nuit"

Les abonnés en heures creuses/heures pleines vont changer leurs habitudes de consommation dans les prochains mois. Depuis ce 1er février, les abonnés au tarif réglementé ayant opté pour cette option bénéficient d'une baisse de 16% grâce à la baisse des prix de l'électricité. Et la semaine prochaine, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) rendra une décision concernant le repositionnement des heures creuses, comme l'a confirmé sa présidente sur Franceinfo samedi matin.
"L'idée générale est de mettre plus d'heures creuses en journée, a rappelé Emmanuelle Wargon. On n'a pas besoin d'avoir huit heures creuses la nuit. Par contre des heures creuses en journée, ça peut être pratique."
Sur les 15 millions de foyers ayant choisi l'option heures creuses/heures pleines, près de 9 millions ont des heures creuses exclusivement positionnées la nuit tandis que 6 millions en ont en journée. "On va en avoir plus en journée mais on gardera toujours au moins cinq heures creuses la nuit donc ça suffit assez largement pour recharger [un véhicule électrique]", estime Emmanuelle Wargon. La présidente de la CRE précise que ce changement des schémas d'heures pleines/heures creuses sera progressif à partir du deuxième semestre 2025 et jusqu'à fin 2027.
L'ancienne ministre a rappelé l'importance de maintenir ce dispositif qui incite à consommer l'électricité au moment où elle est la moins chère : "C'est bon pour le consommateur car dès que vous avez plus de 30% de votre consommation en heures creuses, vous y gagnez. Et c'est assez facile quand vous avez un chauffe-eau électrique. C'est bon pour le réseau qui est moins saturé que quand tout le monde consomme en même temps. Et c'est mieux aussi pour le marché et la production."
Une position "politique" du RN vis-à-vis du mécanisme post-Arenh
Emmanuelle Wargon a aussi évoqué l'opposition du Rassemblement national (RN) au nouveau mécanisme de régulation des prix de l'électricité nucléaire, soulignant que le dispositif vise à protéger le consommateur, que le parti d'extrême droite assure vouloir défendre. Lors des débats au Parlement, en commission mixte paritaire, sur le budget de l'État pour 2025, le député RN Jean-Philippe Tanguy a menacé de censure le gouvernement s'il ne supprimait pas l'article 4 du projet de loi, qui pose un nouveau cadre de régulation des revenus d'EDF issus du nucléaire. Selon lui, cet article pourrait causer une hausse des prix de l'électricité pour les ménages et les entreprises.
"Pour moi, c'est quand même plutôt une position politique", a réagi la présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE).
L'article 4 réforme la rémunération d'EDF pour sa production nucléaire, en remplacement du mécanisme de régulation actuel qui était voué à s'éteindre le 31 décembre 2025. "La fin de ce mécanisme n'est pas dans cet article, elle est dans le droit qui disait que ça s'arrête au premier janvier 2026", a rappelé Emmanuelle Wargon, ajoutant que "cet article 4 crée le nouveau mécanisme de protection des consommateurs". "Donc il y a un côté un peu paradoxal à refuser cet article 4 au nom de la protection du consommateur, alors que précisément, c'est l'article qui le protège", a-t-elle déclaré.
Prix moyen de l'électricité de 70 euros le MWh sur 15 ans
En vigueur depuis environ 15 ans, le mécanisme actuel, appelé Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire historique), obligeait le fournisseur historique à vendre environ un quart de son électricité nucléaire au prix cassé de 42 euros le mégawattheure (MWh) aux industriels gros consommateurs d'électricité mais aussi à des fournisseurs alternatifs. Le nouveau mécanisme de régulation, traduit dans l'article 4 de ce projet de budget, découle de l'accord entre EDF et l'État annoncé en novembre 2023, qui a défini un prix de l'électricité d'environ 70 euros le MWh en moyenne sur 15 ans.
Il prévoit qu'EDF peut vendre toute son électricité sur les marchés. En contrepartie, au-delà de certains seuils de prix, une fraction des revenus supplémentaires de l'électricien sera prélevée et affectée à un mécanisme de redistribution pour tous les consommateurs, particuliers ou industriels, clients ou non d'EDF. Entre 78 euros et 110 euros le MWh, une fraction de 50% des revenus supplémentaires d'EDF serait prélevée, et au-delà de 110 euros le MWh, ce serait 90%.