EDF veut mettre son électricité nucléaire aux enchères en Europe

EDF va proposer des contrats d'achats d'électricité nucléaire à long terme à travers un système d'enchères à l'échelle européenne pour les besoins d'entreprises de taille importante et de ses concurrents fournisseurs alternatifs, a annoncé jeudi l'électricien. Depuis fin 2023, EDF a lancé une nouvelle politique commerciale consistant à proposer des contrats d'électricité de moyen et long terme à destination de grands clients professionnels.
Dans ce cadre, l'électricien a déjà entamé des négociations bilatérales avec des industriels électro-intensifs, c'est-à-dire gros consommateurs d'électricité, comme la métallurgie, la verrerie ou la chimie, en vue de signer des contrats de partenariat de long terme adossés au parc nucléaire historique français, dits contrats d'allocation de production nucléaire (CAPN). A ce stade, EDF a signé neuf lettres d'intention avec de grands industriels, dont une a déjà abouti à un "contrat ferme". Désormais, EDF veut étendre son offre.
Ainsi "l'entreprise proposera à partir du premier semestre 2025 des contrats d'allocation de production nucléaire, pour livraison en France, à travers un mécanisme d'enchère à l'échelle européenne", explique EDF dans un communiqué.
L'objectif reste le même : "réduire l'exposition des clients à la volatilité des prix sur les marchés de gros" tout en offrant "plus de visibilité" à EDF pour financer ses investissements colossaux, notamment dans le nucléaire.
Un volume annuel de 10 TWh livré à partir de 2026
Concrètement, le géant nucléaire va lancer un appel à manifestation d'intérêt à destination de deux types de clients : des entreprises de taille intermédiaire de tout secteur (industrie, transports, tertiaire, centres de données) qui ont des besoins supérieurs à 7 GWh/an, d'autre part, des "fournisseurs ou producteurs" d'électricité présents physiquement en France - même si leur électricité pourra être ensuite revendue à l'étranger. EDF proposera un volume de 10 TWh d'électricité an pour livraison à partir du 1er janvier 2026.
Ces CAPN "permettent aux partenaires de bénéficier d'une quote-part de la production effective du parc nucléaire historique moyennant un partage des coûts et des risques associés", explique EDF. Autrement dit, ils bénéficient d'un tarif préférentiel pendant 10 ou 15 ans, "reflétant les coûts du parc nucléaire et donc décorrélés des prix des marchés de gros", en échange d'une prise de risque sur la production. Ces contrats CAPN ont été conçus pour prendre le relais du système de régulation actuel (Arenh) qui permet à de gros industriels et à des fournisseurs alternatifs de bénéficier d'un tarif d'électricité nucléaire à prix cassé, un mécanisme qui s'éteint le 31 décembre 2025.