"Atterrissons avant l’été": les industriels électro-intensifs veulent conclure rapidement un accord avec EDF

L'industrie française a-t-elle contribué à l'éviction de Luc Rémont? Un peu plus de deux ans après son arrivée à la tête d'EDF, Luc Rémont ne sera pas reconduit à son poste. Sur fond de disparition annoncée du dispositif Arenh au 1er janvier prochain, les relations s'étaient fortement dégradées entre le patron du groupe énergétique et ses plus gros clients industriels, faisant valoir leur difficultés à obtenir des tarifs d'électricité acceptables pour leur compétitivité.
Le départ de Luc Rémont "n'est absolument pas le sujet", a déclaré ce lundi matin le président de l'Uniden, Nicolas de Warren, sur le plateau de BFM Business.
L'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden) représente les industries fortement consommatrices d'énergie en France, tels que les secteurs de l'agroalimentaire, de la chimie ou de l'automobile.
"Le sujet est l'avenir de […] l'industrie électro-intensive, qui dépend de l'électricité pour l'essentiel de son coût de production", a affirmé Nicolas Warren.
La veille du limogeage de Luc Rémont, le patron du groupe Saint-Gobain avait déploré un "bras d'honneur à l'industrie française".
"Benoit Bazin [PDG de Saint-Gobain, ndlr] a exprimé une inquiétude très légitime, qui est celle de toute l'industrie exposée à la concurrence internationale, qu'elle soit chinoise ou américaine, qui est déchaînée", a réagi le président de l'Uniden, estimant qu'il était nécessaire de savoir "où nous allons en termes de prix de l'électricité et comment l'atout nucléaire profite également à l'industrie française".
"Atterrissons avant l'été"
Les négociations commerciales pour remplacer le système Arenh, qui permettait aux gros clients d'EDF de disposer d'une électricité à prix cassé et qui prend fin en décembre 2025, n'aboutissent pas entre les deux parties, virant au bras de fer.
Début mars, la décision d'EDF de mettre aux enchères des quotas d'électricité, alors que le groupe s'était engagé à proposer de l'électricité sous forme de contrat à long terme à tarif compétitif aux industriels, a été la source de vives tensions.
"Nous devons retrouver et maintenant achever ces discussions", a appelé Nicolas de Warren.
"Ces discussions ont commencé il y a trop longtemps" et "aujourd'hui, très concrètement, nous suspendons le crayon", a-t-il affirmé, évoquant l'arrêt "mortifère" de "projets de décarbonation".
"Comme on n'a pas de visibilité" sur l'après-Arenh, "on avance à la petite semaine" sur les prix de l'électricité, ce qui signifie que l'on "décide de ne pas investir", a-t-il ajouté.
L'actuel directeur général de Framatome, Bernard Fontana, a été proposé par l'Élysée pour succéder à Luc Rémont. Cette nomination nécessite encore le feu vert de l'Assemblée nationale et du Sénat. "Atterrissons avant l'été" pour la conclusion des discussions avec EDF, a appelé Nicolas de Warren, pour qui "ce n'est pas inaccessible".