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Dissolution: une situation "anxiogène" pour les patrons

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Comment les milieux d'affaires réagissent-ils à la situation politique? Les patrons sont-ils inquiets d'une possible arrivée de l'extrême droite au pouvoir?

Sans surprise, l'inquiétude est aujourd'hui grande dans les milieux d'affaires à la suite du résultat des élections européennes et de la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale.

Les responsables patronaux craignent que ce soit la fin de la politique de l'offre. Pour eux, c'est la seule politique qui produit des résultats économiques.

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture – 10/06
Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture – 10/06
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Ainsi, quelle que soit la couleur politique de la nouvelle majorité et du nouveau gouvernement, extrême droite, union de la gauche ou changement de cap de la majorité pour gagner les législatives, la fin de la politique de l'offre les inquiète au plus haut point.

Le patronat devait le faire savoir hier soir via une déclaration commune des trois organisations patronales. Il prévoyait aussi de dévoiler leurs propositions à partir de la semaine prochaine suite à la conférence de presse du président de la République cet après-midi.

En tout cas, les organisations patronales nous disent qu'elles ne prendront pas partie pour une liste ou qu'elles ne feront pas barrage à une autre parce qu'elles estiment que ce n'est pas leur rôle, que ce ne sont pas des organisations politiques.

Optimisme déjà en berne

Reste que les réactions publiques des responsables patronaux sont feutrées. Le président du Medef Patrick Martin indique "qu'une nouvelle campagne démarre dans laquelle nous ne partagerons pas certaines visions politiques incompatibles avec la compétitivité des entreprises et la prospérité du pays et de nos concitoyens".

La CPME appelle de con côté les candidats au sérieux budgétaire et à la poursuite de la politique de l'offre.

Mais en privé, les patrons se lâchent un peu plus. Ils nous parlent d'une situation "anxiogène" "qui pourrait conduire à un réveil très douloureux". D'autres sont encore plus cash et nous confient qu'un changement extrême de politique serait une "catastrophe économique assurée".

Pas de quoi modifier un optimisme qui est déjà en berne chez les chefs d'entreprises. Dans un sondage réalisé fin avril par l'Ifop pour le cabinet Arc, 80% des entreprises interrogées ne prévoient pas de croissance de leur activité au second semestre 2024, soit une hausse de cinq points par rapport au premier trimestre 2024. 16% en anticipent même le recul.

Un pessimisme qui se retrouve également dans le degré de confiance en l'avenir: 68% se sont déclarés convaincus de la dégradation de la situation économique française au cours des six prochains mois, c'est cinq point de plus par rapport au premier trimestre.

Un quart des entreprises pense toujours ne pas pouvoir faire face au remboursement cumulé de leurs créances, PGE, investissements et factures et manifestent clairement leurs inquiétudes.

Thomas Sasportas et Olivier Chicheportiche